C’est actuellement la saison des pluies dans le Sahel. Comme c’est de coutume à cette période de l’année, soit il ne pleut pas suffisamment et c’est la sécheresse, soit il y a beaucoup de pluies et ce sont les inondations. C’est malheureusement ce à quoi l’on assiste présentement dans des pays comme le Mali, le Niger et le Tchad.
Mois d’août, mois de fortes précipitations. C’est le qualificatif qui s’applique actuellement à ce 8e mois de l’année qui correspond à l’hivernage au Sahel. Des populations des pays comme le Mali, le Niger et le Tchad ont les pieds dans l’eau suite à des pluies torrentielles. Ainsi, entre le 07 et le 15 août 2024, le Mali a enregistré 15 morts et plus de 30 000 sinistrés, selon des données du 16 août du Comité interministériel de gestion des crises et des catastrophes. Sur l’ensemble du territoire, il y a eu 59 cas d’inondation qui ont causé des sinistres dans 4 150 ménages. Dans la seule ville de Bamako, ce sont 24 inondations qui ont été recensées.
Pendant ce temps, le Niger voisin connait aussi des inondations jugées catastrophiques. Selon la direction de la préparation, de l’alerte, de la protection civile et de la gestion des catastrophes, 129 morts dus aux inondations ont été enregistrés à la date du 12 août dernier. Près de 220 000 sinistrés ont été recensés à la même période. Des maisons se sont effondrées, des récoltes perdues et plus de 16 000 têtes de bétail emportées par les eaux.
Le Tchad, voisin du Niger, a aussi eu sa part d’inondations. Là-bas, c’est la région du Tibesti, dans l’extrême nord désertique où il ne tombe pas plus de 200 mm de pluie par an en temps normal, qui a été touchée. Ce sont 54 morts qui ont été dénombrés entre le 09 et le 14 août lors de pluies torrentielles.
Comme on le voit, il pleut des cordes au Sahel. Les fortes précipitations provoquent souvent des catastrophes naturelles comme des inondations avec leur lot de morts ; de sinistrés ; de dégâts matériels, agricoles, pastoraux, etc. Ces scènes de personnes, les pieds dans l’eau, essayant de sauver ce qui peut l’être encore sont devenues fréquentes. Malheureusement, on ne voit pas de mesures préventives ou d’adaptation. Chaque fois, on est surpris par les eaux et c’est en ce moment que les autorités essaient de parer au plus pressé. Pourtant, les services météorologiques tirent la sonnette d’alarme à chaque début d’hivernage. C’est ce que fait, par exemple, le Centre AGRHYMET, basé à Niamey au Niger, qui donne des informations sur la saison des pluies qui se profile en termes de précipitations. Autrement dit, sur la base de prévisions, ce centre fait savoir si la saison sera bonne ou mauvaise, s’il y aura beaucoup de pluies ou pas.
Le Centre a sacrifié à cette tradition cette année à travers les agences nationales de météorologie. Au Burkina, par exemple, l’Agence nationale de la météorologie (ANAM) a annoncé que ce mois d’août sera pluvieux dans l’ensemble. Mais ils sont nombreux ceux qui ne croient pas aux prévisions météorologiques. Il suffit que l’on annonce une ou deux fois de la pluie qui ne tombe pas, pour voir l’estime pour la météo s’estomper pour de bon. La même attitude est observée vis-à-vis d’un phénomène comme les changements climatiques. Beaucoup n’y croient pas malgré des faits évidents comme le réchauffement climatique, la montée du niveau des mers et des océans, les sécheresses ou les inondations inhabituelles.
Avec les changements climatiques, le Sahel connait de plus en plus de fortes précipitations qui sont à l’origine de catastrophes naturelles. La région est connue pour son aridité légendaire du fait de l’absence ou de la rareté des pluies. Mais le Sahel est aussi caractérisé par un autre fait : lorsque dame nature décide d’ouvrir ses vannes, elle le fait souvent trop. En d’autres termes, il n’y pleut pas beaucoup, mais lorsqu’il y a de la pluie, c’est souvent plus qu’il n’en faut. C’est également comme le climat de la région qui, lui aussi, passe d’un extrême à un autre : de la canicule le jour, on passe à des températures extrêmement froides la nuit venue.
Pourtant, on a tous tort de ne pas prêter attention aux prévisions météorologiques, aux changements climatiques. Cela permet d’anticiper sur certaines catastrophes naturelles avec les mesures à prendre pour y faire face. On ne peut pas continuer à faire comme si de rien n’était. Il faudra s’adapter pour ne pas périr.