Mme Nestorine Sangaré ancien ministre burkinabè de la femme est une fois de plus sortit de son mutisme pour dénoncer les différents accords militaires imposés par la France au Burkina Faso et qui n’apporte aucun résultat à la lutte contre le terrorisme. A travers sa page Facebook Mme Sangaré n’est pas passée par quatre chemins pour critiquer un accord qui ne sert que les intérêts de la France et qui doit être dénoncé le plus vite possible. Lisez plutôt!
J’ai lu l’accord relatif « Au Détachement de militaires français au Burkina Faso pour la Sécurité au Sahel ». Cet accord de défense autorise l’installation des détachements militaire français au Burkina Faso. Il a été signé le 9 janvier 2015, soit 2 mois après l’insurrection, par le Ministre Délégué aux affaires étrangères et l’ex-Ambassadeur de France, Colonel Gilles Thibault. Pourquoi le Ministre de la Défense burkinabè n’a pas été signataire de cet accord? Pourquoi la France s’est précipitée pour signer un tel accord à durée illimitée (durée de 6 mois avec reconduction tacite) qui fait maintenant 6 ans? L’accord a été signé avec un gouvernement d’exception, provisoire, de transition qui devait durer un an ? N’est-ce pas pour cela qu’il y a eu l’attaque du 16 janvier 2016 pour amener le nouveau gouvernement MPP à utiliser les militaires français et proroger sans discussion cet accord dans la terreur? Le terme détachement est très ambigu. Rien n’est mentionné sur le nombre maximum de détachements militaires et de soldats français pouvant être installés, la durée de leur présence sur le sol burkinabè et les conditions de rupture ou de fin de l’accord signé. Il est fait mention de l’existence d’un autre ancien accord d’assistance technique qui date du 24 Avril 1961 et qui n’est pas abrogé par le nouvel accord. Quelle est la cohérence entre les deux documents quand à la protection des intérêts du Burkina Faso?
L’accord ne dit pas quels sont les types d’équipements militaires qui peuvent être importés, quelle quantité est autorisée et les constats et vérification de rigueur à faire avant leur entrée sur le territoire par l’armée burkinabè. L’accord ne dit pas quelle utilisation les militaires français peuvent faire de leurs équipements au sein de leurs camps, qui peut avoir accès à leurs installations et les conditions à remplir. Un mécanisme de suivi-contrôle de l’importation, de l’installation et de l’utilisation des armes convoyées n’est pas prévu. Bien que l’importation de tous les équipements soient exemptés de taxes et de droit de transit, la France est autorisé à vendre ou donner les équipements une fois sur le territoire national. L’accord n’indique pas à qui le matériel ne peut être cédé ou vendu. La vente requiert l’autorisation préalable de la partie burkinabè, mais la soumission de la liste du matériel militaire importé à l’entrée du territoire n’est pas mentionnée dans l’accord comme une obligation.
L’accord indique que tout le personnel militaire français est couvert par une immunité et ne peut faire l’objet de poursuite en cas de mort d’une personne imputable à un membre du contingent. C’est à l’état burkinabè de répondre en justice en cas de plainte contre un soldat français, d’obtenir un jugement à l’amiable et de partager les pénalités éventuelles. Les terrains sur lesquels les camps militaires français sont installés sont gratuits ainsi que les dispositifs de communication dont ils se servent. L’armée française est libre de transporter son matériel par terre, mer et air avec pour seules restrictions de l’Etat burkinabè que dans les zones prohibées.
L’article 2 du nouvel accord dit qu’il a été signé « dans le cadre de la sécurisation au Sahel et la lutte contre les groupes armés terroristes, en préservant la sécurité et les intérêts du Burkina Faso comme ceux de la France ». Cet accord a été signé bien avant que le Burkina Faso ne soit visé par les attaques terroristes. Notre pays était donc considéré comme une base à partir de laquelle l’armée française va mener ses interventions dans les autres pays touchés par le terrorisme. Il n’y a aucune mention précise sur ce que l’armée française prévoit y faire. Les obligations des détachements militaires français en cas d’attaques terroristes contre le Burkina Faso ne sont pas spécifiées et c’est à l’Etat de faire la demande d’un éventuel appui en cas de besoin sans précision. L’accord ne prévoit pas quelles sont les restrictions imposées aux détachements militaires français quand au transport de personnes inconnues par terre et air ainsi que l’accueil de civils et militaires non déclarés dans leurs bases sans l’autorisation de la défense nationale.
Au regard de tout ce qui précède, l’Accord relatif au « Détachement de contingents militaires français au Burkina Faso pour la sécurité au Sahel » comporte plusieurs failles qui mettent en danger la sécurité nationale. En plus de servir de pied à terre et de cachette pour les militaires français, le Burkina Faso ne peut pas tirer un profit notable de cet accord. Après 60 ans d’existence, l’ancien accord de 1961 doit également être évalué en tenant compte de la situation et des défis sécuritaires auxquels le Burkina Faso est confronté. Face à la dégradation actuelle de la situation sécuritaire dans le pays, les accords en cours ne sont pas efficaces et ne permettent pas de défendre la sécurité et les intérêts du peuple burkinabè. Mieux vaux marcher seul que d’être mal accompagné. Le Sahel est maintenant sécurisé et le Burkina est dans l’insécurité totale. La même France a peint toute la carte du pays en rouge et déconseille ses citoyens d’y venir.