Accueil A LA UNE Limogeage du Premier ministre Choguel Maïga : Fin de fonctions contre fin...

Limogeage du Premier ministre Choguel Maïga : Fin de fonctions contre fin de la Transition

233
0

Choguel Kokala Maïga n’est plus le Premier ministre du Mali. C’est ce qu’a décidé le Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta, dans un décret lu ce 20 novembre 2024 à la télévision nationale. L’ex-chef de gouvernement demandait une lisibilité sur la fin de la Transition mais c’est celle de ses fonctions qui lui a été servie.

Il y a eu des signes avant-coureurs du limogeage au cours de la journée du 20 novembre. Le plus notable a été l’annulation du Conseil des ministres. On peut noter aussi l’interdiction faite à la chaîne publique, l’ORTM (Office de radiodiffusion télévision du Mali) de ne plus couvrir jusqu’à nouvel ordre les activités du Premier ministre. Aussi, un message de limogeage du chef de gouvernement a même circulé, dans la même journée du 20 novembre, sur le réseau social Facebook avant d’être démenti par l’ORTM à qui il a été attribué.

De son côté, Choguel Maïga faisait savoir, toujours ce 20 novembre, par l’intermédiaire d’un proche qu’il ne démissionnerait pas en réponse aux nombreux soutiens du chef de l’Etat qui, à travers des conférences de presse ou des marches, lui demandaient de rendre le tablier. Et ce, après qu’il a demandé publiquement des clarifications sur la fin de la Transition, de la transparence et de la collégialité dans la gestion des affaires de l’Etat au cours d’un meeting avec ses partisans du M5-RFP le 15 novembre dernier. “Je ne démissionnerai pas. On peut me démettre, mais je ne démissionnerai pas” a rapporté un proche à un journaliste. Lequel proche a ajouté que “le Premier ministre Choguel Maïga veut les pousser à la faute. Attendez de voir la suite”.

Et la suite on la connait maintenant. Le Président de la Transition a donc décidé de commettre ”la faute” avec le limogeage du chef de gouvernement avec lequel il cheminait depuis plus de 3 ans (Choguel Maïga a été nommé Premier ministre le 7 juin 2021 dans la foulée de la prestation de serment du Lieutenant-colonel d’alors, Assimi Goïta). C’est sur les antennes du même ORTM que le Secrétaire général de la Présidence, Alfousseyni Diawara, a lu le décret mettant fin aux fonctions du Premier ministre et de son gouvernement.

Exit donc le tout premier Premier ministre de Goïta ! Ceux qui connaissent bien Choguel Maïga sont étonnés de sa “longévité” à la tête du gouvernement, de ce long compagnonnage avec les militaires. Pour beaucoup, il dormait sur la même natte avec les hommes en treillis sans faire les mêmes rêves qu’eux. Son opportunisme et son langage de circonstance anti impérialiste faisaient l’objet de critiques de ses compagnons avec qui il a combattu jusqu’à l’affaiblissement du pouvoir de feu Ibrahim Boubacar Keita (IBK). Il s’était même aliéné ses soutiens du mouvement M5-RFP qui l’accusaient d’être plus royaliste que le chef de l’Etat.

Avec le temps, les calculs et les ambitions politiques ont pris le dessus chez ce politicien qui avait été juste convié pour boire le lait et non compter les veaux. Choguel Maïga avait sans doute commencé à se sentir à l’étroit avec les militaires surtout après la prorogation unilatérale en mars 2024 de la fin de la Transition. Certes, l’élection présidentielle est envisagée pour 2025 avec son inscription au budget, mais il semble ne pas trop croire à l’effectivité de cette éventualité. Il doit bien connaître les militaires pour leur donner le bon Dieu sans confession.

Toutefois, l’ex-Premier ministre ne voulait pas partir de lui même avec le risque de ne pas être accepté de nouveau par ses partisans dont beaucoup l’accusent de trahison. Et la méthode trouvée a été de critiquer les militaires et leur gestion de la Transition et voir la réaction de ces derniers. En le démettant eux mêmes ou, pour reprendre son expression, en poussant les militaires à la faute, il se réhabilite auprès d’une bonne frange de l’opinion. Celle-ci ne manquera pas de le voir comme un homme courageux qui a osé dire ses quatre vérités à Assimi Goïta et à ses compagnons. Toute chose qui lui permettra de se positionner, de se préparer pour l’après-Transition avec les élections générales. Et ce n’est pas exagéré de dire que Choguel Maïga a provoqué son limogeage pour mieux rebondir.

Mais pourra-t-il se faire pardonner par tous ses partisans dont certains lui en veulent de les avoir abandonnés une fois au pouvoir avec les militaires ? En d’autres termes, M. Maïga saura-t-il ou pourra-t-il rebondir comme il le souhaite ? A-t-il bien calculé avant de provoquer le clash dont l’issue naturelle a été son éviction ? L’avenir nous en dira davantage.

 Save as Image

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here