Un geste fort a été posé en haut lieu dans la lutte contre la corruption. Il s’agit de la création, par la Présidence du Faso, d’une commission de lutte contre la corruption en son sein. C’est ce qui est ressorti de la remise le 16 juillet 2024 au chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, par son directeur de cabinet (DIRCAB), le capitaine Céleste Anderson Médah, d’un code d’éthique et de déontologie pour le personnel de l’institution. Ce code est accompagné par des arrêtés portant notamment création d’une cellule anti-corruption placée sous la tutelle de la Direction des ressources humaines de la Présidence du Faso.
On peut dire que les acteurs de la lutte contre la corruption ne pouvaient pas espérer mieux. De la parole, on est passé aux actes en haut lieu. La création de la commission ou cellule anti-corruption de la Présidence du Faso intervient après la rencontre du chef de l’Etat avec le personnel de l’institution en janvier 2024. Au cours de celle-ci, le capitaine Ibrahim Traoré avait appelé à lutter contre la corruption qu’il a qualifiée de terrorisme d’un autre genre.
Avant, il avait invité le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) à agir véritablement contre le fléau lors d’une audience accordée en septembre 2023 à ses responsables. Le secrétaire exécutif du REN-LAC, Sagado Nacanabo, avait déclaré à l’issue de l’audience avoir obtenu la possibilité d’ester en justice chaque fois que le Réseau disposerait d’informations relatives à des pratiques corruptrices. Il avait aussi invité les autorités à donner l’exemple en matière de lutte contre la corruption. Sa demande n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd à moins d’un an après l’audience. Outre la requête, c’est sans doute les propositions contre la corruption contenues dans son mémorandum adressé aux autorités qui connaissent un début d’application avec la création d’une cellule anti-corruption au sein de la première institution du pays.
Mais une chose est de créer des comités, des commissions ou des cellules anti-corruption et une autre est de lutter véritablement contre cette pratique néfaste. Bon nombre d’initiatives ont été prises par le passé sans effet sur la corruption. A titre d’exemple, une loi anti-corruption a été votée sous la Transition de 2015. Le volet corruption a été intégré au champ d’action de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat (ASCE) qui, à la faveur de cette loi, est devenue l’ASCE-LC (Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ACSE-LC). Les rapports annuels du REN-LAC (créé en 1997) sur la corruption se suivent et se ressemblent dans la dénonciation du fléau et surtout son étendue, sa propagation, comme une tache d’huile. Des cellules anti-corruption ont été créées, par exemple, au sein de certains ministères mais n’ont pas véritablement fonctionné. Beaucoup d’entre elles étaient à l’image des conseils de discipline dans les services qui n’existent que de nom s’ils ne sont pas tout simplement absents.
Les hérauts de la lutte contre la corruption ont toujours dit qu’il n’y a que la volonté politique qui puisse venir à bout de celle-ci. Sans volonté politique, toute action, tout effort, est voué à l’échec. Avec l’acte posé par la Présidence du Faso, on peut affirmer que cette volonté est bien là. Il reste à ce que les autres structures suivent le ton qui a été donné en haut lieu. D’ailleurs, l’invite a été faite par le DIRCAB de la Présidence du Faso aux institutions et aux ministères de créer en leur sein des cellules anti-corruption. Le bon exemple venant d’en haut, on espère qu’il sera suivi par les autres maillons de la chaîne. C’est à ce prix que l’on viendra sans doute à bout de la corruption.