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Présidentielle de 2025 en Guinée-Bissau : Umaro Sissoco Embalo s’est-il … emballé trop vite ?

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L’élection présidentielle en Guinée-Bissau est prévue pour l’année prochaine. Mais on en parle déjà à la faveur d’une sortie de l’actuel président Umaro Sissoco Embalo qui a déclaré, le 11 septembre dernier, qu’il ne va pas briguer un second mandat sur « les conseils de son épouse ». Mais à peine avait-on commencé à le féliciter pour cette décision, que beaucoup de chefs d’Etat africains n’aiment pas prendre à l’avance, qu’il s’est rétracté moins de 24 heures après sa déclaration. Embalo s’est-il … emballé trop vite ?

Qu’est-ce qui a bien pu pousser le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo à annoncer qu’il ne va pas se représenter à l’élection présidentielle à venir alors que, d’une part, le scrutin est prévu l’année prochaine et, d’autre part, que la Constitution lui permet de briguer un second mandat ? C’est à ne rien comprendre mais toujours est-il qu’il a créé la surprise en déclarant le 11 septembre 2024 ceci : « Je ne serai pas candidat en 2025. Mon épouse m’a conseillé de ne pas me présenter. Je respecte donc ses conseils ».

Ce général de 51 ans, élu en février 2020 pour un premier mandat de 5 ans, semble être déjà fatigué du pouvoir au point de vouloir prendre très tôt sa retraite. Avant tout ce n’est pas une mauvaise chose car il n’y a pas que les personnes âgées qui doivent se retirer des affaires encore que certaines d’entre elles s’accrochent auxdites contre vents et marées surtout quand il s’agit du pouvoir d’Etat.

Voilà donc un jeune chef d’Etat qui va donner une leçon d’alternance à ses vieux homologues africains dont le rêve de beaucoup d’entre eux est de mourir au pouvoir. Et pour cela ils sont prêts à modifier les constitutions lorsqu’elles imposent une limitation du mandat présidentiel, à éliminer toute contestation à l’intérieur de leurs partis ou en mettant des bâtons dans les roues des adversaires jugés sérieux issus des rangs de l’opposition en instrumentalisant à cette fin la justice. Mais on n’aura pas le temps de saluer cette rare posture que Umaro Sissoco Embalo a commencé à faire un rétropédalage.

Dans un premier temps, et moins de 24 heures après sa sortie, il a fait savoir qu’il n’acceptera pas que « ses rivaux » lui succèdent en 2025. Les rivaux dont il est question, et qu’il qualifie même de bandit, sont Domingos Simoes Pereira, Nino Gomes Nabiam et Brahima Camara. « Je ne serai pas remplacé par un bandit », a-t-il laissé entendre. Le Général quinquagénaire voudrait jouer au Conseil constitutionnel de son pays, chargé de valider les candidatures à ce type d’élection, qu’il ne se serait pas pris autrement. En vertu de quoi décrète-t-il « l’inéligibilité » d’acteurs politiques et à qui il voudrait imposer une retraite forcée ? Est-ce une idée, une suggestion de son épouse dont il écoute tant les « conseils » ?

Et comme si tout cela ne suffisait pas, Umaro Sissoco Embalo, fait savoir, dans un second temps, qu’il pourrait reconsidérer sa déclaration de ne pas être candidat en 2025 si jamais les « bandits » se présentent à l’élection. Au moment où ces lignes étaient tracées, on n’avait toujours pas la position exacte, définitive, du président bissau-guinéen : maintient-il ou non sa renonciation à la prochaine échéance électorale ? Mais tout laisse croire qu’il n’y assistera en spectateur car la condition de la non-participation de ceux qu’il a nommément désignés sera difficile à respecter par les intéressés. Déjà, l’opposant Domingos Simoes Pereira du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC) a annoncé son retour au pays le 15 septembre dans un courrier adressé à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Et on devine que s’il rentre d’exil, c’est pour se préparer pour la présidentielle. Umaro Sissoco Embalo ne manquera pas d’argument ou de prétexte pour se dédire.

En fin de compte, on se demande, sans mauvais jeu de mots, si Embalo ne s’est pas … emballé trop vite avec sa déclaration. Il voulait faire la différence avec les autres mais finalement il est en train de leur ressembler. En Afrique, la règle est, pour un chef d’Etat en place, de ne jamais parler de sa succession même à l’orée d’une élection présidentielle à fortiori quand il reste encore du temps avant le scrutin. C’est un sujet tabou pour celui qui est là même quand, selon la loi fondamentale, il est à son « second et dernier » mandat. Ceux que l’on presse de questions sur le sujet ont invariablement cette réponse à la bouche : c’est trop tôt d’en parler ; je vous donnerai la réponse en temps opportun. Ces prétextes leur laissent le temps de manœuvrer pour rester au pouvoir, de jauger les réactions en interne comme à l’externe en cas de passage en force ou tout simplement d’éviter la dislocation de leurs partis dont une annonce prématurée de non-candidature déclencherait une guerre des tranchées et d’ambitions de prétendants.

Sur le contient africain, on peut dire sans risque de se tromper qu’il n’est pas donné à tous les dirigeants d’être comme Nelson Mandela qui, après sa libération, avait la possibilité de faire autant de mandats qu’il veut avec son aura de grand combattant de l’apartheid en Afrique. Mais il s’est contenté d’un seul mandat de 5 ans (1994-1999). Il s’est retiré avec tout le respect et la considération du monde entier jusqu’à son décès en 2013. Malheureusement, c’est ce que n’a pas su faire Robert Mugabe, père de l’indépendance de son pays le Zimbabwe, qui s’est agrippé au fauteuil présidentiel jusqu’à sa destitution en 2017 pour « usure du pouvoir ».

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