L’opposant au Kremlin, dont la santé s’était dégradée, est décédé vendredi dans la colonie pénitentiaire de l’Arctique où il purgeait une peine de 29 ans d’incarcération.
L’opposant numéro un du Kremlin est mort vendredi à 47 ans dans la colonie « à régime spécial » IK-3, située dans le district autonome de Yamalo-Nenets, à soixante kilomètres au-delà du cercle polaire arctique. Incarcéré depuis janvier 2021, il avait été déplacé en décembre dernier dans ce centre de détention, l’un des plus rudes du pays, pour y purger ses peines qui totalisent près de trente ans d’emprisonnement : 9 ans dans une affaire de fraude, auxquels se sont rajoutés ensuite 19 ans pour « extrémisme ».
À l’annonce de sa mort, ses proches mais aussi de nombreuses voix officielles dans le monde ont invoqué la responsabilité du régime et de Vladimir Poutine lui-même. Tant il est vrai que cette disparition brutale résonne fort avec la volonté constante du chef du Kremlin – qui ne prononçait jamais son nom – de faire le vide autour de lui de toute opposition véritable. « Poutine et son gouvernement doivent être punis » pour cette mort, a dénoncé Ioulia Navalnaïa depuis la Conférence sur la sécurité à Munich, peu de temps après l’annonce.
Au lendemain du décès d’Alexeï Navalny, des partisans du principal opposant à Vladimir Poutine ont tenu à lui rendre hommage. Un hommage compliqué en Russie, où les autorités avaient mis en garde les habitants contre toute manifestation non autorisée. Mais des rassemblements ont également eu lieu partout dans le monde.
Des dizaines de personnes ont bravé l’interdit. À Moscou, des partisans d’Alexeï Navalny sont, presque instinctivement, venus déposer, dans le calme et en silence, des fleurs autour d’un mémorial des victimes de la répression soviétique, en face du siège du FSB, le service de renseignement russe.
Les autorités russes avaient mis en garde les Russes contre toute manifestation non autorisée. Résultat, plus de 15 arrestations dans la capitale, des arrestations musclées. Certaines vidéos montrent des hommes et des femmes plaquées au sol, la tête dans la neige, sans ménagement par des policiers masqués. Et sur tout le territoire, grande comme petite ville, c’est le même scénario, la même répression. L’ONG OVD-info fait état d’un total de 231 arrestations, majoritairement à Saint-Pétersbourg, au nord-ouest de la Russie.