Depuis un certain temps, le panier de la ménagère est menacé, car la vie est de plus en plus chère. Les prix des condiments connaissent une flambée exponentielle. Cette situation qui interpelle plus d’un burkinabè, déplaît énormément aux vendeuses des marchés et yaars qui essayent de s’en sortir avec le peu qu’elles gagnent pour s’occuper de leurs familles. Pour appréhender cette situation, une équipe de Aconews.net a sillonné ces différentes places.
En cette belle journée de lundi, au marché de Dassasgho nous trouvons des hommes et des femmes vaquant à leurs occupations. Des discussions à haute voix, un marchandage entre client et vendeur qui bat son plein à quelques jours de la fête de l’Ait El Kébir où chacun essaie de tirer son profit. Au rayon des condiments, nous remarquons des vendeuses au mine inquiétante qui nous accueillent. Après salutation, nous essayons de comprendre pourquoi ce visage triste avec beaucoup de clientes autour de la table ?
A notre interrogation, Mme Aïssata Kiemtoré nous fait comprendre en ces termes « le marché ne va pas bien. Je suis vendeuse dans ce marché depuis 35 ans, mais cette situation est plus dure que les années précédentes. Nous n’arrivons plus à joindre les deux bouts comme il le faut. Les gens n’ont pas d’argent, les grossistes qui nous fournissent n’arrivent plus à nous livrer. Ils nous expliquent que c’est parce que certaines pluies ont détruit les cultures. Les quelques-uns aussi avec qui nous prenions les tomates ailleurs nous les revendent présentement cher ; car selon eux, cela est dû à l’augmentation du prix de l’essence que nous avons connu par le temps. Nous devons tenir compte de tous ces facteurs pour avoir notre bénéfice.
Savez-vous combien coûte le prix d’un sac de tomate, de chou ou de gombo, même celui du piment est monté à 85.000f ? Cela équivaut à combien de sacs de riz ? Vraiment les condiments sont chers et nous avons peur de ne plus pouvoir nous en sortir ».
Venue faire le marché et surtout s’approvisionner pour la célébration de la fête de tabaski qui sera célébrée le dimanche 16 juin 2024 au Burkina Faso, Mme Ramata Lagfaré déplore cette flambée des prix avec ce contexte de vie chère « cette situation est compliquée pour nous les femmes imaginez avec 1000F comme popote, je dois payer la tomate dont 4 à 300f, les courgettes le tout petit à 250f et la grande à 500F, l’aubergine qu’on achetait à 25f est passée à 150f. A cette allure qu’est-ce qu’on va bien cuisiner comme sauce à manger, si on doit se débrouiller avec une famille de six à sept, voir dix personnes ? »
Dans un autre marché de la ville de Ouagadougou, notamment dans le quartier de la Zone Une, c’est le même son de cloche.
Assise derrière ses étalages Salimata Rouamba ne sait plus à quel saint se vouer. La situation est catastrophique et selon elle, l’insécurité que vit le Burkina y est également pour quelque chose. « Tout est devenu cher cette année-là. Cela est dû à l’insécurité car nous ne pouvons plus aller nous procurer des tomates et des poivres tôt le matin. Au risque de nous faire agresser. Même mon fournisseur a réduit les commandes. Les produits quittent d’autres pays et le temps mis pour nous parvenir, d’autres pourrissent et le peu qui arrive est revendu cher. Je n’arrive pas à avoir de bénéfice, je veux même arrêter mais je ne peux pas car c’est le seul moyen qui me permet de nourrir ma famille », raconte Salimata Rouamba vendeuse de tomates.
Pour les hommes, chefs de familles au niveau des marchés, le langage est le même, voire plus alarmant. Nous devons nourrir nos familles sans clientèle, mais également faire face aux impôts qu’on nous impose dans le marché. Imaginez qu’on peut passer une semaine sans rien vendre selon Boukaré Sawadogo vendeur de pommes de terres et d’alloco à Sankar-yaar « Nous sommes des chefs de familles que ça soit dure ou non, nous sommes obligés de donner quelques choses par jour pour la famille. Ce que je vends ici ne me rapporte pas grand-chose par jour. Je suis obligé de faire des petites affaires, comme chercher les fournisseurs qui se font rares pour les vendeuses et elles me donnent un peu d’argent par moment pour me remercier.
Client du jour que nous avons accosté lors de notre tournée, monsieur Ouédraogo comprend les pleurs des vendeurs, mais il relève que la rareté des clients est dû également à la vie chère. Pour lui, les dépenses sont énormes et les revenus maigres notamment les salaires des fonctionnaires. Un fonctionnaire de nos jours prend au moins une vingtaine de personnes directes en charges et de façon indirectes au moins cinquante. Le contexte sécuritaire ne facilite pas les choses, car il y a des zones qui ne produisent plus. Pour la fête de tabaski dit-il « je suis allé par 3 fois au marché pour espérer avoir un mouton à ma bourse, je ne me suis pas entendu avec le vendeur. Il ne peut diminuer et moi je peux pas augmenter, que faire ? j’interpelle les autorités à faire un effort pour aider les usagers. Nous savons que ce qu’ils font est bien, mais il faut penser à la population, sinon ce n’est pas facile ».
Alicia Ouédraogo
Stagiaire