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30e journée mondiale de la liberté de la presse : Sale temps pour les médias !

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A l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse nous vous proposons cet article du journal “Le Pays” qui résume parfaitement la situation actuelle de la presse et des media dans le monde et dans notre sous région. Lisez plutôt!

Ce 3 mai 2023, est célébrée à travers le monde, la trentième Journée mondiale de la liberté de la presse. Une commémoration qui intervient dans un contexte global de recul de la liberté de la presse à travers le monde ; tant les journalistes continuent de faire l’objet de pressions multiples dans l’exercice de leurs fonctions, quand ils ne sont pas tout simplement bâillonnés, embastillés ou même tués. Comme cela a récemment encore été le cas au Cameroun où le corps sans vie du journaliste Martinez Zogo, a été retrouvé mutilé, cinq jours après son enlèvement en janvier 2023. Et son cas est loin d’être isolé puisque peu de temps avant sa disparition, un autre de ses confrères rwandais, John William Ntwali, ainsi qu’il se nomme, est passé de vie à trépas dans des « circonstances suspectes », pour reprendre les propos de l’ONG internationale de défense des droits humains, Human Right Watch. C’est dire toute la chape de plomb qui pèse aujourd’hui sur le métier de journaliste, trente ans après que l’Assemblée générale des Nations unies a proclamé cette journée en hommage au travail des professionnels des médias.

Entre les réseaux mafieux, les pseudo-démocraties et autres régimes totalitaristes, le journaliste ne sait plus vraiment à quelle déontologie se vouer pour ne pas risquer sa vie

Cela, dans le but de promouvoir la pluralité de la presse en consacrant son indépendance et sa liberté de ton. Mais en trente ans, si des progrès ont été enregistrés en termes de multiplication des médias et de fluidité de diffusion de l’information à travers le numérique, le constat aujourd’hui est que des menaces sérieuses continuent de peser sur la profession à travers le monde. Ainsi, d’Afrique en Asie en passant par l’Europe et l’Amérique, entre les réseaux mafieux qui n’hésitent pas à user de représailles et les pseudo-démocraties et autres régimes totalitaristes parfois ouvertement allergiques à la critique, le journaliste ne sait plus vraiment à quelle déontologie se vouer pour ne pas risquer sa vie, heurter certaines sensibilités ni se retrouver en porte-à-faux avec les principes de sa profession. Autant dire que c’est véritablement un sale temps que vivent globalement les médias. Surtout dans les zones à forts défis sécuritaires comme par exemple les pays du Sahel engagés dans une guerre sans merci contre l’hydre terroriste, et où les journalistes sont appelés à être particulièrement regardants sur leurs publications et à les adapter au contexte du moment. Ce n’est pas Radio France internationale (RFI) ni France 24 qui ont été suspendues dans certains de ces pays, qui diront le contraire. Encore moins les correspondants de certains grands titres internationaux qui ont été expulsés pour une raison qui ne manque certes pas de justificatifs, mais qui en dit long sur toute la difficulté d’exercice d’une profession où les médias nationaux sont appelés à faire preuve d’un « patriotisme » qui interroge sur la marge de liberté qui est la leur, dans le traitement de l’information.

Un journaliste qui a faim, n’est pas une plume, un micro ou une caméra libre

C’est dire si le thème de cette année, qui veut faire de la « liberté d’expression, le moteur de tous les autres droits de l’Homme », ne pouvait pas mieux tomber à propos. Car, au-delà des progrès enregistrés en matière de diffusion de l’information grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, la sécurité des journalistes, la liberté d’expression, la liberté de presse restent des défis permanents. Surtout dans ce contexte de lutte contre le terrorisme où le développement du numérique fait peser une autre menace sur les journalistes qui sont souvent lynchés sur les réseaux sociaux quand ils ne sont pas tout simplement livrés à la vindicte populaire. Et cela, parfois sous le regard indifférent si ce n’est le silence complice de l’autorité. Autant dire que sous nos tropiques, l’adaptation du journaliste au nouveau contexte sécuritaire est un véritable dilemme qui passe parfois par l’autocensure. C’est dire aussi si aujourd’hui, la sérénité est loin d’être le credo des hommes de médias qui se veulent pourtant la mauvaise conscience des dirigeants dans un esprit de construction de l’Etat de droit. C’est pourquoi la célébration de cette journée sonne comme un appel aux dirigeants, à respecter et à renforcer leur engagement en faveur de la liberté de la presse. Car, la presse n’est pas l’ennemi des pouvoirs publics. Bien au contraire ! Elle a un rôle essentiel à jouer dans l’édification de la Nation à travers la promotion d’une gouvernance vertueuse. Au-delà, cette journée est aussi une occasion d’introspection pour le journaliste à l’effet de s’interroger sur l’avenir de sa profession. En effet, le métier est rendu d’autant plus dur qu’au-delà de la rude concurrence des réseaux sociaux et au regard de certaines contingences, bien des médias sont aujourd’hui à la recherche d’un nouveau modèle économique pour assurer leur propre survie. C’est une question existentielle qui pourrait avoir un impact certain sur l’évolution du métier. Car, un journaliste qui a faim, n’est pas une plume, un micro ou une caméra libre.

« Le Pays »

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