Le professeur Charlemagne Ouédraogo, gynécologue-obstétricien sur sa page Facebook explique les facteurs de risques du cancer de sein.
Près d’1 femme sur 9 sera concernée par le cancer du sein au cours de sa vie. Elles vivent parmi nous, ces femmes atteintes du cancer du sein. Si leurs proches voient leurs souffrances, il n’en est pas moins pour les soignants, envers qui ces femmes se retournent une fois que le diagnostic est établi et qu’il faut agir vite.
C’est pénible quand la femme met tout son espoir sur le médecin pour guérir son cancer, bien que les résultats ne soient pas bons souvent en raison du stade tardif de découverte de la maladie. C’est difficile quand il n’y a que les soins palliatifs à faire pour accompagner la patiente vers la fin de la vie et quand il ne reste plus qu’à lui demander de rédiger son testament.
Le cancer du sein est l’un des cancers les plus fréquents chez la femme. Maladie multifactorielle, le cancer du sein détruit intérieurement la femme, mais la guérison est possible s’il est diagnostiqué précocement.
Le cancer du sein résulte d’un dérèglement de cellules qui se multiplient et forment une masse appelée tumeur.
Une cellule de la glande mammaire se transforme et se développe de manière anarchique et incontrôlée. Cette cellule devenue « folle » n’obéit plus aux commandes de l’organisme. Elle se développe de façon indépendante et sera responsable de la « boule » cancéreuse.
Ces tumeurs sont de différents types et n’évoluent pas de la même manière. Certains sont agressifs et évoluent rapidement et d’autres moins agressifs qui évoluent lentement.
Le cancer du sein n’est pas une maladie contagieuse ou infectieuse. Cependant il y a de fortes prédispositions génétiques dans 10% des cas.
Les causes exactes du cancer du sein sont méconnues, mais des facteurs de risques existent : les règles précoces, une ménopause tardive, un traitement hormonal contre la ménopause, le fait de n’avoir pas enfanter ou tardivement, le surpoids, l’obésité, la sédentarité, la consommation d’alcool, des facteurs génétiques( les femmes porteuses des gènes BRCA1 ou BRCA2 peuvent avoir jusqu’à 70% de risque de développer un cancer de sein), l’hérédité etc.
Les signes d’appels du cancer du sein sont multiples et multiformes: une boule dans le sein, un écoulement de sang par le mamelon, un changement de forme ou de texture du mamelon ou du sein avec une peau qui ressemble à la « peau d’orange ». Une boule dans le sein qui ne fait pas du tout mal et de contours irréguliers souvent. Des ganglions durs au niveau de l’aisselle, lorsque que le cancer s’est propagé aux ganglions axillaires.
Si le cancer n’est pas diagnostiqué dès l’apparition des premiers signes, il peut se propager vers d’autres organes avec d’autres manifestations comme les douleurs osseuses, des nausées, une perte d’appétit, une perte de poids, une jaunisse, un essoufflement, une toux, une accumulation de liquide autour des poumons, des maux de tête, une vision double, une faiblesse musculaire etc.
Devant ces signes, des examens sont réalisés à but diagnostique mais aussi pour le pronostic.
Complications
Les cellules cancéreuses du sein peuvent se propager dans d’autres organes, compliquant la situation, notamment le foie, les poumons, les os et le cerveau. On parle de métastases.
On distingue 4 stades du cancer du sein de gravité croissante proportionnelle au pronostic.
L’hypercalcémie est une complication majeure du cancer du sein. Le patient présente une fatigue, des nausées, confusion mentale, coma …
Une métastase cérébrale est aussi l’une des complications du cancer du sein.
On peut observer aussi une obstruction de la circulation lymphatique entraînant la tuméfaction d’un organe.
Traitement
Le traitement est pluridisciplinaire associant chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie. Les indications dépendent du type de cancer, du stade de gravité, de l’âge du malade etc.
Il est important de noter que ces traitements sont disponibles au Burkina Faso et les spécialistes également; mais malgré tout il faut relever que l’accès financier pose problème, en raison du coût élevé de la chimiothérapie qui n’est pas subventionnée.
La radiothérapie vient en complément de la chirurgie. Le Burkina Faso dispose de deux centres de radiothérapie à Ouaga et le troisième est en construction à Bobo-Dioulasso. C’est un grand soulagement pour les femmes atteintes du cancer qui avant, étaient obligés d’aller dans la sous-région pour bénéficier de soins. C’est triste, mais le cancer du sein est une maladie très coûteuse, alors que la plupart des femmes qui en souffrent sont pauvres.
La gestion du cancer du sein est pluridisciplinaire et réunit divers spécialistes pour faire le meilleur choix de l’option thérapeutique pour la patiente. Gynécologue, Oncologue médical, Chirurgien oncologue Radiothérapeute, Pathologiste, etc. Tous ces professionnels travaillent autour du sein cancéreux. La prise en charge du cancer du sein est globale.
Le cancer du sein se guérit efficacement si la prise en charge a été précoce.
L’après cancer du sein
Une chirurgie plastique et reconstructrice peut être faite pour aider les patientes à retrouver une poitrine proche de celle qu’elles avaient avant la chirurgie et retrouver leur féminité.
Prévention
Le développement d’un cancer du sein prend plusieurs années. Ce qui suppose qu’un dépistage précoce permet d’éviter le pire. Les jeunes filles et jeunes femmes sont invitées à l’autopalpation des seins, tous les mois après les règles afin de repérer une éventuelle grosseur du sein.
Debout devant un miroir, inspectez les deux seins et vérifiez l’absence d’écoulement d’un mamelon, de crevasses ou de plis anormaux. Levez un des deux bras, puis avec les trois doigts de l’autre main, palpez le sein du côté levé. Débutez par la partie externe, les doigts à plat, en effectuant de petits cercles. Il faut rechercher toute sensation de boule, de fossette sur la peau ou de grosseur. Palpez également le mamelon et la zone entre le sein et l’aisselle. Pressez le mamelon et vérifiez qu’il n’y a aucun écoulement.
Les femmes âgées de 50 à 75 ans sont invitées à réaliser une mammographie tous les deux ans.
Il est déconseillé aux jeunes filles et jeunes femmes de faire systématiquement la mammographie dans le but du dépistage sauf sur prescription médicale, dans un but de diagnostic. La mammographie est efficace chez les femmes ménopausées pour le dépistage et moindre chez les femmes non ménopausées.
Les consultations en gynécologie sont aussi l’occasion de se faire dépister.
Les hommes aussi peuvent faire le cancer du sein, même si ce sont des cas rares. C’est l’occasion de féliciter les hommes qui prennent soins du corps de leurs femmes car beaucoup ont permis un diagnostic précoce du cancer du sein de leur épouse grâce à la »palpation conjugale » du sein ! Bravo à ces hommes qui ont évité le pire à leur femme.