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Situation trouble à Ouaga : Le domicile de Damiba encerclé par les Cobras

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Suite à la situation qui prévaut à Ouagadougou depuis ce matin et qui tarde à se dénouer, Aconews vous propose une analyse éclairée de la situation faite par le journaliste  et Directeur de Publication de Bendré, Inoussa Ouédraogo. Lisez plutot! 

Depuis ce matin, la situation est trouble dans la capitale burkinabè.
Des coups de feu ont été entendus très tôt ce 30 septembre dans les encablures de Ouaga 2000 et se sont poursuivis de façon sporadique au cours de la journée dans d’autres parties de la ville.
De nombreux burkinabè ont cru à un autre coup d’Etat qui renversait cette fois ci le Lieutenant-Colonel Paul Henri Sandaogo Damida et son MPSR. Mais l’évolution des choses au cours de la journée ne semble pas corroborer cette thèse de coup d’Etat. Sauf changement de cap, (parce que la situation est volatile et évolue très vite), les « cobras », unités d’élites de l’armée burkinabè, à l’origine du mouvement d’humeur de ce 30 septembre ne sont pas dans cette logique, même s’il faut préciser qu’ils ont encerclé le domicile de Damiba ce matin.
En tous cas, ils disent ne pas être intéressés par le pouvoir. Ils
sont plutôt très remontés contre le chef de l’Etat. Pourquoi sont-ils
fâchés au point de troubler le sommeil de celui qu’ils ont porté au
pouvoir en renversant Roch Marc Christian Kaboré le 24 janvier dernier ?

Injustice

Les autorités de la Transition auraient sorti une note affectant une
bonne partie des éléments des « forces spéciales », une autre unité d’élite de l’armée, à Kosyam pour assurer la sécurité du pouvoir de Damiba. De fait, ils ont laissé le champ du combat aux seuls mains des unités Cobras. Chose que refusent catégoriquement ces derniers qui estiment qu’aucune unité ne doit déserter le combat contre les terroristes, leur mission principale, au profit de la protection d’un quelconque pouvoir ou d’un chef militaire, fut-il chef de l’Etat doublé de ministre de la défense. Voici le nœud du conflit.
D’autres petits problèmes subsidiaires seraient venus se greffer à
cela, notamment les avantages pécuniaires dont bénéficieraient les « nouveaux amis » de Damiba. Sinon, la principale contradiction se trouve là : les cobras réclament que toutes les unités d’élites de l’armée, notamment les forces spéciales montent au front. Damiba veut que les forces spéciales restent au palais de Kosyam pour le protéger, ainsi que son pouvoir.
Tout le long de la journée, des officiers ont essayé de concilier les
deux camps, mais la tension était très vive. Des accrochages auraient même eu lieu en début d’après-midi entre la sécurité du chef de l’Etat et des éléments des Unités Cobras. Plusieurs sources attestent que Damiba aurait été maitrisé. Et que les militaires seraient à la recherche d’une nouvelle tête à couronner.
Il faut signaler que numériquement et du point de vue équipement, les forces spéciales qui gardent Damiba sont au-dessus des Cobras. Mais les Cobras sont reconnus pour être plus tenaces, plus audacieux et plus courageux au combat et ont fait montre de bravoures exceptionnels ces derniers mois sur le champ de bataille. Et c’est aussi eux qui ont tombé le pouvoir de Roch Kaboré.

Les mambas verts dans la danse

Mais à côté des Cobras et des forces spéciales qui risquent de
s’affronter si les négociations en cours échouent, il y a une
troisième force, « les mambas verts ». C’est l’unité d’élite que
commandait le Lieutenant-Colonel Mohamed Emmanuel Zoungrana. Cette unité dispersée en l’absence de leur chef en prison, essaie de donner de la voie dans ce brouhaha militaro-politique. Même s’ils n’ont pas les capacités opérationnelles de monter à l’assaut, ils font parler de leur chef qui avait été injustement accusé de vouloir fomenter un coup d’Etat et arrêté juste avant la chute de Roch Kaboré. Aussi, une bonne partie de l’opinion appelle justement à la libération d’Emmanuel
Zoungrana qui serait l’un des rares officiers à mener le combat aux côtés de ses hommes.
Le gros de la troupe se reconnait en lui et son nom circule sur toutes les lèvres depuis le début de la mutinerie, les uns appelant à sa libération pour qu’il rejoigne le Front, les autres voyant en lui
l’homme de la situation en lieu et place de Damiba. Mais jusqu’à
preuve du contraire, il est toujours détenu à la maison d’Arrêt et de Correction des Armées (MACA). Ces éléments dénoncent une tentative de coup d’État de palais, pour conserver le pouvoir dans le bloc mpsr au détriment de la volonté populaire d’aboutir à une insurrection.

Quid des populations civiles ?

Enfin, la dernière force en présence dans ce bras de fer autour du
pouvoir, ce sont les populations civiles, très peu organisées, mais
qui depuis l’attaque de Gaskindé ont franchi le rubicond et appelle
ouvertement à la démission de Damiba. A Bobo Dioulasso, ils étaient dans les rues ce 29 septembre pour crier leur ras le bol face à l’incapacité du MPSR à apporter une réponse vigoureuse à la lutte contre le terrorisme. Ils avaient également invité les populations des  grandes villes à se mobiliser pour dire non au MPSR et à son Président. Aujourd’hui encore, ils étaient notamment dans les rues de Ouagadougou pour manifester.
A noter que le Front Patriotique, structure qui regroupe plus de
cinquante organisations et partis politiques, de même que l’unité
d’action syndicale appellent leurs militants à se tenir prêts pour
d’éventuels mots d’ordre. Le Burkina s’achemine-t-il vers un
soulèvement populaire ou vers un autre coup d’Etat ? Les heures et jours à venir nous dirons. En attendant, la tension est toujours vive entre les différents camps. Mais la fumée blanche ne saurait tarder.

Inoussa Ouédraogo

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