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Exclusif Da Sié De Bindouté analyse l’actualité sur Aconews Acte 5 : Les conseils à l’endroit des chefs d’Etats de l’AES pour la réussite de leur mission

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Dans cette dernière partie de notre entretien avec l’analyste politique, Da Sié De Bindouté sur l’AES, nous abordons quelques solutions et conseils pour les dirigeants de l’AES afin de réussir dans la nouvelle confédération. Da Sié De Bindouté estime que les chefs d’Etats de l’AES doivent revenir aux valeurs fondamentales du panafricanisme et pour se faire, ils doivent s’entourer de scientifiques qui maitrisent le panafricanisme en vue d’adopter une politique et des stratégies de  développement autre que celle gréco-romaine qui ont une conception de démocratie électoraliste avec des institutions bourgeoises  qui ont montré leur limites. lisez plutôt !

Quels conseils avez-vous pour les dirigeants de l’AES pour réussir leur mission dans la nouvelle confédération?

Les conseils que je peux donner aux présidents et aux dirigeants de l’AES, c’est d’assainir et de réorganiser le cadre politique dans les 3 Etats afin d’éviter que cela ne soit un obstacle à la mise en œuvre des nouvelles orientations. Un homme politique c’est son génie politique qui le différencie des autres mais on a comme l’impression que les présidents de l’AES veulent construire la démocratie plutôt que de construire le panafricanisme et la renaissance africaine.

Moi étant à leur place, je ne parlerai pas d’assemblée nationale ou d’assemblée législative. L’Afrique avait des systèmes de représentation, on ne les appelait pas  assemblée. Tout le monde était pris en compte. Ce n’est pas comme ces institutions bourgeoisies qu’on a crée à travers les députés, les élus qui n’ont jamais voté les lois pour défendre l’Afrique. c’est pour cette raison, vous pouvez voir un peu partout que les gens ont détourné et pillé les ressources  des pays et personne n’en parle.

Quand vous prenez chez nous au Burkina, le projet de l’aéroport de Donssin est un cas, pourquoi les députés ne se sont pas plaint, pourquoi les magistrats ne se sont pas plaint ? Pourquoi les élus municipaux ne s’étaient pas plaints ? Parce que c’est ça, la démocratie. C’est une prédation organisée, légalisée donc je pense que c’est à ce niveau qu’il faut revoir l’organisation politique. Et les conseils que je donne, il faut aussi qu’ils s’entourent de personnes bien instruite au panafricanisme.

Je le dis haut et fort il n’y a pas de panafricains autour d’eux, il n’y a pas de gens qui connaissent bien les recherches de  Ky Zerbo, de Cheick Anta Diop et de Théophile Aubenga. Très peu connaissent Joseph Anténor Firmin et autres pour les aider à donner cette levure qui va faire lever la pâte. Il n’y en a pas, je le dis à  haute et intelligible voix, il faut qu’ils reviennent sur le chemin du panafricanisme et il faut qu’ils cherchent à s’entourer de sachants.

On ne peut pas emprunter le chemin de la souveraineté dans le tâtonnement quant à la connaissance de l’Afrique. Je vous donne un exemple sur le Burkina, quand le président Ibrahim TRAORE a soulevé la question de l’actionnariat populaire, c’est Laurent Bado qui l’a conçu et en parlait depuis plusieurs années. Combien de présidents en ont considéré pour mettre en œuvre ? Laurent Bado en a fait son programme politique, son économie sera basée sur l’actionnariat populaire.

Le programme du parent dit que notre culture doit être les rails et l’agriculture la locomotive de ce train de développement. C’est très profond mais on a pris les idées de Laurent Bado sans le consulter, alors que le parent c’est l’un des partis politiques africains qui a parlé de la culture africaine et appuyé sur les idées de Cheick Anta Diop Pour pouvoir mettre en place un projet de société.

Mais si le président Ibrahim Traoré avait donné quitus à Laurent Bado, de venir mettre en place son programme, imaginez-vous, ce qu’on aurait pu avoir contrairement à ce qu’on a vu avec l’APEC. Je ne dis pas que l’APEC n’a pas réussi ou bien n’est pas bien, c’est bien, mais c’est une erreur et comme nous sommes dans les affaires d’État, il faut corriger  l’erreur. Un savant, un homme politique, un brillant intellectuel comme Laurent Bado qui est encore vivant ne peut pas concevoir tout ce projet et on va venir prendre ça, pour des questions d’Etat sans le consulter ou bien même lui donner quitus d’être le patron de cette initiative. Voilà des erreurs comme cela qu’il ne faut pas commettre et quand je parle de réorganisation politique et surtout le côté doctrinal, le président Ibrahim Traoré aurait pu même adopter le projet de société de Laurent Bado.

Laurent Bado est toujours vivant et ils allaient dans ce contexte de souveraineté, travailler à mettre en place ce projet de société qui est très bien, qui s’appuie sur la culture africaine mais malheureusement ce n’est pas le cas, et c’est pourquoi je dis que les conseils que je donne aux chefs d’Etats de l’AES, c’est de s’entourer de sachants, les gens comme les Laurent Bado devraient être autour du président, pour donner les idées pour lesquelles ils se sont battus.

Vous prenez le Mali, un échiner comme Doumbi Fakoly, c’est des personnes qui devraient être aux côtés de Assimi Goîta pour leur donner des idées fondamentales sur l’Afrique, les aider à réorganiser. Regardez le Mali après 4 ans il n’y a pas un discours d’orientation politique, il n’y a pas un projet de société imprimé, conçu scientifique que quelqu’un peut acheter et lire, il n’y en a pas.

Le Niger n’a pas de député et d’assemblée de transition, ils ont suspendu la constitution alors que les deux pays en ont, comment on harmonise tout ça ? Donc pour moi, le  conseil que je donne aux deux pays c’est de faire comme le Niger et de se donner le temps de refonder maintenant, de souffler une vision originale mais si on commence avec ces questions de députés, cela n’ira nulle part.

Ce ne sont pas les fonctionnaires de l’Etat qui vont les aider à avancer et l’erreur qu’on fait en Afrique, c’est de croire que c’est parce que on a des ministres, des directeurs généraux dans les administrations qu’on peut aller de l’avant. La politique a besoin qu’il ait des savants, qu’il ait des titans, qu’il ait en tout cas des structures, des instituts, des laboratoires qui produisent des idées pour le président mais malheureusement ce n’est pas le cas pour le moment dans les Etats du sahel.

Beaucoup de choses se font mais moi, je pense qu’il va falloir qu’on revoie les choses, si on veut vraiment réussir. Pensez aussi aux appellations, moi je dis qu’il faut rejeter tout ce qui est sahel et prendre tout simplement le Liptako Gourma, c’est tout. C’est un nom culturellement viable, donc on ne peut pas concevoir les choses et nous oublier et dire qu’on veut être souverain, souverain en quoi ? Si on n’est pas libre dans la pensée, on ne sera pas libre dans la conception et dans la définition. Il y a beaucoup de choses, qu’il faut prendre en compte.

Il ne doit pas rester comme ça, en train de parler de souveraineté, de panafricanisme sans qu’on ne voit concrètement c’est quoi le panafricanisme, les gens ont peur d’aller dans une révolution culturelle c’est pourquoi je dis non. Il faut qu’on rentre dans les profondeurs. Cette confédération devrait lancer une révolution culturelle ce qui va nous permettre de prendre en compte beaucoup de choses d’aller doucement, lentement mais sûrement parce qu’on veut être souverain.

Mais si on commence avec toutes ces questions gréco-romaine, avec ces questions de démocratie, de droit, d’assemblée parlementaire, moi je pense que en toute honnêteté ça sera un échec parce que on va créer de l’agglutination, du clientélisme politique autour de ces présidents et finalement eux même ils ne vont pas s’en sortir parce qu’il y a un adage qui dit :  « qu’est-ce que l’aveugle veut encore si c’est pas un remède contre son mal» ?

L’aveugle ne cherche rien qu’un remède pour voir, donc si vous donnez des opportunités à des êtres humains, ils vont chercher à jouir, ils vont chercher à profiter de leur position en tant qu’autorité, en tant que commis de l’État,  donc moi je pense qu’il y a beaucoup de choses qu’il faut harmoniser, qu’il faut revoir et travailler véritablement dans le sens africain pour ne pas en tout cas rester comme si nous sommes de moins que rien c’est à dire des êtres sans repère.

L’Afrique, c’est le berceau de l’humanité, beaucoup de travaux ont été fait, il faut qu’on prenne en compte tout ça pour pouvoir avancer. Il ne faut pas réinventer la roue. Le patriotisme, la volonté politique des dirigeants de l’AES déjà suffisent. Maintenant le reste il faut prendre en compte les travaux qui existent sur les modèles de développement endogènes. C’est ce que je peux donner comme conseil à revoir dans leur organigramme, dans leur structuration parce que tout est scientifique dans le domaine de la politique. Rien n’est laissé au hasard.

Je remercie beaucoup Aconews de m’avoir permis de partager ces quelques idées avec ses lecteurs. je salue les peuples de l’AES et les encourage à continuer la lutte pour une région du Liptako Gourma débarrassée de toute domination et influence négative extérieure qui mettra en péril le développement endogène intégré.

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