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Fin de la grève des banquiers au Mali : Les autorités de la Transition ont vraiment eu chaud !

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Il y a des grèves qui ne passent pas inaperçues au regard de leur fort impact au sein de l’opinion. Tout le monde en parle car tout le monde est touché et cela met une pression sur les autorités. C’est ce qui s’est passé au Mali avec la grève du secteur de la banque et des assurances. Le mouvement a été déclenché suite à l’arrestation, le 5 juin dernier, de Hamadoun Bah, secrétaire général (SG) du Syndicat national des banques, assurances, établissements financiers et commerces assimilés (SYNABEF). Contrairement aux arrestations pour atteinte à la sûreté de l’Etat auxquelles la junte a habitué l’opinion, la raison est tout autre cette fois. En effet, il est reproché au syndicaliste de s’être rendu coupable de « faux et usage de faux ». Et cela suite à une plainte d’un membre du comité syndical d’une banque qui l’accuse d’avoir falsifié un document lié à une affaire interne au syndicat.

Il n’en fallait pas plus pour déclencher une grève de 48 heures dès le 6 juin, soit le lendemain de l’arrestation du responsable syndical. Objectif : obtenir la libération du sieur Bah dont l’incarcération a été considérée comme « une entrave à la liberté syndicale ». N’ayant pas obtenu gain de cause malgré une mobilisation qualifiée de sans précédent au Mali, le mouvement a été reconduit le 9 juin. Cette fois, le débrayage n’est pas limité dans le temps et ne prendra fin qu’après la libération du « camarade » SG. Bingo ! Le lendemain, la justice élargissait le sieur Bah. Dans la foulée, le mot d’ordre de grève est levé même si le responsable syndical reste sous contrôle judiciaire. Ouf !

En cinq jours de grève, les conséquences ont été beaucoup ressenties par les Maliens qui étaient déjà confrontés aux délestages électriques : impossible de faire une opération bancaire, de trouver du carburant car les stations-services observaient aussi le mot d’ordre. Les préparatifs de la fête de Tabaski qui se profile à l’horizon étaient aussi compromis dans ce pays fortement islamisé. Dans cette affaire, les autorités maliennes étaient bien obligées d’intervenir pour éteindre un feu qu’elles n’ont pas pourtant allumé mais qui risquait de provoquer un énorme incendie. Il se dit que c’est le président de la Transition, Assimi Goïta himself s’est immiscé dans les affaires de la justice pour éviter un embrasement social. Au mépris du principe de séparation des pouvoirs,

Dans cette affaire, le pouvoir a beau se défendre, on le voyait derrière l’arrestation du syndicaliste. En effet, ce dernier est présenté comme un poil à gratter, une voix critique de la Transition. C’est donc à son corps défendant que la junte a fait libérer une personne qu’elle n’a pas arrêté parce qu’elle voulait la déstabiliser. Il faut dire qu’elle-même a eu chaud car elle jouait sa survie. La grève illimitée allait aggraver le climat social qui est loin d’être serein. Au sein de l’opinion, on n’allait pas voir la justice mais le pouvoir qui n’hésite pas à opérer des arrestations, des enlèvements au nom de la sûreté de l’Etat. Aussi, si la situation perdurait, tous ceux qui ont une dent contre la Transition pouvaient bien en profiter. Au nom de la stabilité du régime, il n’y a pas de séparation de pouvoirs qui vaille et l’Exécutif n’a pas hésité à franchir le pas. En obtenant la libération du syndicaliste et, par ricochet, la fin de la grève illimitée, le pouvoir desserre l’étau autour de lui. Il s’est sans doute dit que pour une fois que des grévistes ne demandent pas « l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail » mais juste la libération d’un des leurs, pourquoi faire donc la sourde oreille.

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