Le colonel-major à la retraite Oumarou Sawadogo est, depuis le 31 août 2024, le nouveau président de la Fédération burkinabè de football (FBF). Unique candidat à la succession du président sortant, Lazare Banssé, il a été élu avec 99,02% des voix, et va présider aux destinées de la faitière du football pour un mandat de 4 ans.
Le suspense avait déjà disparu avec l’invalidation, dans un premier temps, de la candidature de celui que l’on présentait comme un challenger sérieux à savoir l’inspecteur des douanes Ali Guissou. Dans un second temps, c’est l’ancien international burkinabè Jonathan Pitroipa, que beaucoup qualifiaient d’outsider, de faire-valoir, qui a été recalé après l’examen des recours. Dès lors, le boulevard était grand ouvert pour celui qui, à sa première sortie pour annoncer sa candidature, n’a pas hésité à dire qu’il a reçu des instructions, qu’il a été « envoyé par qui vous savez ». En d’autres termes, le chef de l’Etat, le Capitaine Ibrahim Traoré.
Le futur président de la Fédération burkinabè (FBF) était donc connu d’avance à telle enseigne que l’on se demandait si l’unique candidat – ou candidat unique – avait encore besoin de battre campagne. Il fallait tout de même le faire « par respect pour l’électorat » comme l’intéressé lui-même l’a dit et aussi par pur formalisme en attendant le jour J.
Maintenant que le nouveau président a été élu – ou désigné comme le disent aussi certains -, regardons maintenant vers le futur. Et ce futur vers lequel on doit se tourner est l’avenir du football burkinabè dont on ne peut pas dire qu’il est au mieux de sa forme. Quelles chances, quels espoirs le nouveau président de la FBF suscite-t-il pour notre football ?
Comme un bon augure, le nouveau président arrive aux affaires au moment où deux clubs burkinabè à savoir l’Etoile filante de Ouagadougou (EFO) et l’AS Douanes se sont qualifiés pour les tours suivants en compétitions africaines : Coupe de la Confédération africaine de football (CAF) pour les Stellites et la Ligue des champions pour les Gabelous. Un tel « exploit » n’est pas fréquent qu’on ne peut pas le passer sous silence. Par contre, au niveau de l’équipe nationale de football, les Etalons, les nouvelles ne sont pas aussi rassurantes après les premiers matchs des éliminatoires de la Coupe du monde de football 2026.
Le colonel-major à la retraite prend donc les rênes de la faitière du football après une prestation en demi-teinte des Etalons à ces éliminatoires marquées par une défaite (1-2) face à l’Egypte et un nul (2-2) avec la Sierra Leone. Des résultats qui mettent sur la sellette le nouvel entraîneur, Brama Traoré, qui a remplacé Hubert Velud au lendemain de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) en Côte d’Ivoire qui n’a pas produit les résultats escomptés. Peut-être que Brama Traoré aura plus de chances lors de la première et deuxième journées des éliminatoires de la CAN Maroc 2025 qui se profile avec les matchs contre le Sénégal et le Malawi respectivement les 6 et le 10 septembre prochains. Et pour lesquels l’entraîneur n’a pas convoqué, une fois de plus, le capitaine de l’équipe, Bertrand Traoré, et un de ses adjoints, Issouf Dayo. Ces matchs en vue sont aussi les tout premiers du nouveau président de la FBF.
Avant le changement à la tête de la Fédération, le football burkinabè a connu des soubresauts, traversé des zones de turbulences qui ont valu même la suspension, à deux reprises, du championnat national de football de première division (D1). Pour une question de retenues sur les subventions de l’Etat aux clubs, ces derniers et le président Lazare Banssé se sont écharpés. Certes, un terrain d’entente a été trouvé pour sauver le championnat, mais on se demande si ce n’est pas juste une paix des braves. Avec le nouveau président, on espère qu’une solution définitive sera trouvée à ce problème récurrent. Un autre problème non moins crucial auquel il faudra trouver une solution est la relance du championnat des petites catégories ainsi qu’un meilleur sort pour le football féminin.
Par rapport à ces problèmes, ces maux et à bien d’autres du football burkinabè, il est permis d’espérer en termes de solutions. Si l’on s’en tient à la posture du nouveau président qui fait du consensus son cheval de bataille, il y a de quoi être optimiste. Dès le départ, il a cherché à rallier tous les candidats à sa cause et a réussi à ramener dans son giron des challengers comme l’autre ancien international qui était en lice, Rahim Ouédraogo. Toutefois, la tâche n’a pas été facile avec un candidat recalé comme Ali Guissou qui a refusé la main tendue avant de la prendre finalement la veille de l’élection. Sans risque de se tromper, on peut affirmer que l’on sort de l’élection sans qu’il n’y ait un camp de vainqueurs contre un autre de vaincus qui, secrètement, souhaite l’échec de l’équipe gagnante. L’impression qui se dégage est que tout le monde est gagnant dans cette affaire et c’est tant mieux pour le football burkinabè.
L’espoir repose aussi sur le programme du colonel-major qu’il a présenté lors de la campagne électorale. Il est intitulé « FreeFoot » pour football résilient, émergent et excellent et est bâti sur 4 axes : amélioration de la gouvernance du football burkinabè (Axe 1), renforcement des capacités des acteurs et la promotion du football burkinabè (Axe 2), entretien et renforcement des infrastructures sportives et la mobilisation des ressources financières (Axe 3) et l’optimisation de leur gestion (Axe 4).
Après son élection, le colonel-major Oumarou Sawadogo est attendu au pied du mur comme un maçon. Il va devoir sortir de sa … retraite et mener à nouveau une vie active pour un renouveau du football burkinabè.