Le dimanche 12 novembre 2023, l’ancien premier ministre et ancien président de l’assemblée nationale ivoirienne Guillaume Soro a annoncé dans une vidéo mettre « fin » à son exil. Son mouvement politique Générations et Peuples Solidaires (GPS), dans un communiqué rendu publique le lundi 13 novembre a indiqué : « Après 5 ans d’exil hors du continent africain, M. Soro Kigbafori Guillaume, ancien Premier ministre, ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, séjourne à Niamey où il est arrivé le samedi 11 novembre 2023, à 14h18 (heure locale) à bord du vol ET 937 d’Ethiopian Airlines », selon un communiqué du porte-parole du GPS, parti de l’ex-premier ministre ivoirien officiellement dissous en Côte d’ivoire.
Le lundi 13 novembre, Guillaume Soro a été reçu en audience par le général Abdourahamane Tiani, président de la transition Nigérienne. « J’ai eu l’honneur d’être reçu ce jour en audience par le président de la transition du Niger, chef de l’État, le général Abdourahamane Tiani, accompagné du général Salifou Mody, ministre de la Défense, et du général Mohamed Toumba, ministre de l’Intérieur », a déclaré M. Soro sur son compte X (ex-Twitter).
Cette rencontre de Guillaume Soro avec le président du Niger après 5 ans d’exile laisse tout le monde perplexe. Quelle est sa motivation, si on connait le passé de l’homme ? pourquoi le choix du Niger et non pas le Burkina Faso pour cette première apparition publique après 5 ans, hors de l’Afrique vu le lien historique entre le Burkina et la Côte d’Ivoire ?
Chef de la rébellion qui contrôlait la moitié nord de la Côte d’Ivoire dans les années 2000, Guillaume Soro avait aidé militairement Alassane Ouattara à accéder au pouvoir lors de la crise post-électorale de 2010-2011 face au président sortant Laurent Gbagbo, qui refusait d’admettre sa défaite. Il était alors devenu le premier chef du gouvernement de M. Ouattara, puis président de l’Assemblée nationale en 2012, avant une rupture début 2019 en raison, selon plusieurs observateurs, des ambitions présidentielles de M. Soro.
Il a été condamné en 2020 en son absence à 20 ans de prison pour « recel de détournement de deniers publics » en Côte d’Ivoire, puis à perpétuité un an plus tard pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », accusé d’avoir fomenté une « insurrection civile et militaire » visant à renverser le régime de Ouattara en 2019. Son appel avait été jugé irrecevable. Guillaume Soro était déjà sorti du silence en mai dernier, affirmant qu’aucune raison ne l’empêchait d’être candidat à la prochaine élection présidentielle, prévue en 2025 en Côte d’Ivoire.
Selon certaines sources, Guillaume Soro ne met pas fin à son exil de Côte d’Ivoire, mais il signe son retour en Afrique. Il résidera dans les prochains mois au Niger, au Mali au Burkina et éventuellement en Guinée-Bissau. Mais cette intension de résider dans l’un de ces pays laisse entrevoir que Soro pense rebondir sur la scène politique ivoirienne malgré ses démêlés avec la justice. Peut-être, que Niamey servira de perche pour atteindre le président Ouattara celui-là même qui l’appelait son « fils ».
Une chose est sûre, Soro n’exclut pas un jour, d’être élu président de la Côte d’Ivoire aux regards de ses ambitions politiques. Nous pensons que son choix de rebondir politiquement à partir du Niger, pourrait trouver sa justification dans le contexte qui prévaut entre Niamey et Abidjan suite à la position tranchée du président Alassane Ouattara d’user de moyens armés pour réinstaller le président Bazoum suite au Coup d’Etat du 26 juillet 2023 qui a mis fin au régime d’un solide alliés de la France dans le sahel.
Pour l’instant Guillaume Soro devrait passer par la case Justice et certainement la prison s’il veut rentrer en Côte d’Ivoire avant de poursuivre d’autres ambitions. A moins que le Président Alassane Ouattara ne décide de régler politiquement la question dans le cadre de la politique de réconciliation nationale et du retour de tous les exilés politiques entamée depuis 2021 et dont ont bénéficié Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé.
SOULEYMANE OUEDRAOGO