La France commencera à fermer des bases dans le nord du Mali d’ici la fin d’année, a annoncé vendredi Emmanuel Macron, précisant qu’à terme, la présence militaire française serait limitée à un contingent de 2 500 à 3 000 hommes.
« Dès les prochaines semaines », la France débutera la reconfiguration de son engagement militaire au Sahel, a annoncé Emmanuel Macron, vendredi 9 juillet, précisant que plusieurs bases militaires allaient fermer au Mali avant la fin de l’année, à l’issue de discussions avec les dirigeants du G5 Sahel.
La fermeture des emprises françaises de Kidal, Tessalit et Tombouctou, dans le nord du Mali, sera « achevée d’ici le début de l’année 2022 », a précisé le président français lors d’une conférence de presse conjointe à Paris avec le nouveau président nigérien Mohamed Bazoum, dont le pays fait partie du G5 Sahel (avec la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso et le Tchad).
Les effectifs de l’opération Barkhane, qui s’élèvent actuellement à environ 5 100 hommes, ne vont pas décroître dans les prochains mois, mais l’objectif est de ramener « à terme » le dispositif français dans la région « entre 2 500 et 3 000 hommes », a précisé le chef de l’État.
Parallèlement, le commandement opérationnel des forces françaises sera progressivement transféré du quartier général malien de la force Barkhane à Gao, à Niamey, la capitale du Niger, d’où sera notamment coordonnée l’action de la ‘task force’ européenne Takuba « dans un périmètre élargi ». « La France maintiendra au sein de Takuba une contribution significative », a ajouté le président français.
« Nous restons engagés au Sahel parce que cela nous est demandé par les États de la région », a-t-il insisté après avoir vanté un « intense travail de concertation avec nos partenaires sahéliens, européens et internationaux ».
« Défiance » envers le pouvoir malien
Le président français Emmanuel Macron s’est dit « préoccupé » vendredi par la situation politique au Mali, théâtre de deux coups d’État successifs en moins d’un an, exprimant même sa « défiance » à l’égard de la junte de Bamako. « Nous avons une approche extrêmement prudente car la situation me préoccupe sur le plan politique », a expliqué le président lors d’une conférence de presse commune avec son homologue nigérien, Mohamed Bazoum, à l’Élysée.
« Au vu de l’expérience des dix derniers mois, j’ai plutôt de la défiance », a-t-il dit à propos des autorités à la tête d’un pays qui était jusqu’ici central dans la structuration de la lutte antijihadiste pilotée par la France au Sahel. Paris a repris la semaine dernière avec le Mali la coopération militaire qu’il avait interrompue à la suite de l’arrestation du président et du Premier ministre par l’homme fort du pays, le général Goïta.
« Ayant eu les garanties de la part de la transition malienne, nous avons repris des opérations conjointes », a ajouté le président, renvoyant la responsabilité à l’Union africaine et à la communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (Cédéao) « de s’assurer que la transition respecte bien tous les principes qui ont été fixés ».
Lors de son investiture en tant que nouveau président de transition, le 7 juin, le colonel Goïta, qui avait déjà renversé le 18 août 2020 le président Ibrahim Boubacar Kaïta, avait réitéré son engagement à organiser des élections en févier 2022.
Cet engagement avait été mis en doute lorsqu’il avait fait arrêter en mai le président et le Premier ministre de transition, suite à la formation d’un gouvernement dont certaines figures du putsch d’août 2020 avaient été écartées de portefeuilles stratégiques. « Il ne faut pas permettre que les militaires prennent le pouvoir parce qu’ils ont des déboires sur le front (…), que les colonels deviennent des ministres ou des chefs d’État », a estimé pour sa part Mohamed Bazoum. « Qui va faire la guerre à leur place ? », a-t-il ajouté. « Ce serait facile si chaque fois qu’une armée de nos pays a un échec sur le terrain, elle vient prendre le pouvoir ! », a-t-il ironisé. « Ce ne sont pas des choses acceptables. »
Construire des outils de défense
Takuba, qui compte à l’heure actuelle quelque 600 hommes – français, italiens, estoniens, suédois et tchèques – sera chargée d’accompagner au combat les armées de la région « dans un périmètre élargi » au-delà de la zone dite « des trois frontières » (Mali, Burkina, Niger) où elle intervient actuellement. Emmanuel Macron qui a également souligné l’importance de la mission de formation de l’Union européenne (EUTM) pour « construire des outils de défense capables de former et d’entraîner » les armées sahéliennes.
« Il ne s’agit en aucun cas de nous substituer à la souveraineté des États de la région », a-t-il rappelé. Le président nigérien a abondé dans le sens de son homologue français. « Pour le moment, ce sont nos armées qui n’ont pas été à la hauteur de la situation », a regretté Mohamed Bazoum, en réponse aux critiques souvent entendues dans les pays du Sahel sur l’efficacité de Barkhane.
« Je ne conçois pas que ce soit la vocation de la France (…) de venir faire la guerre à notre place », a-t-il poursuivi. « Je voudrais que les Africains comptent d’abord sur leurs armées (…) Cinq mille soldats français sur le territoire du Mali ne vont pas régler les problèmes du Niger, du Burkina, de Côte d’Ivoire et d’ailleurs, c’est très clair. »
Source : France24.com