Suite au récent remaniement ministériel, la nouvelle secrétaire générale du gouvernement Madame Fatoumata Nana Yatassaye Benon a procédé ce jour 17 décembre à la passation de service entre la nouvelle ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération et des Burkinabè de l’extérieur entrante, Madame Hadizatou Rosine Sori Coulibaly et le ministre sortant Alpha Mamadou Barry. A l’issue de la passation la nouvelle patronne de la diplomatie « des citoyens » Burkinabè a prononcé un discours que nous vous proposons in extenso.
L’utopie, c’est l’arme du rêveur et l’obstacle du diplomate contemporain dit-on. Gardant cette réflexion à l’esprit au moment de prendre fonction en qualité de ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Burkinabè de l’Extérieur, je tiens à rassurer que, ni rêveuse, ni naïve je ne serai.
Mais avant d’endosser cette tâche importante qui m’oblige et m’honore, je voudrais m’acquitter d’un devoir. Celui d’exprimer toute ma gratitude aux plus hautes autorités du pays qui ont bien voulu me confier cette noble mission.
Je voudrais d’abord exprimer mes vifs et sincères remerciements au chef de l’État, son Excellence Monsieur Roch Marc Christian Kabore, premier diplomate du pays pour la confiance placée en ma personne pour relever les défis de la diplomatie, à une période où notre chère patrie doit faire face à divers maux qui pourraient moucheter son rayonnement à l’international. Je saurai m’en montrer digne. Je le félicite et le remercie au nom des femmes du Burkina Faso, pour cette décision courageuse et historique qu’il a prise de nommer une femme à la tête de ce département. Les jeunes filles retiendront que tout est encore possible lorsque tout semble impossible.
Mes remerciements vont aussi, au Premier ministre chef du gouvernement, Son Excellence Monsieur Lassina Zerbo pour l’honneur qu’il me fait en m’associant à son équipe gouvernementale.
Je ne saurai clore ce chapitre des remerciements sans féliciter chaleureusement, Monsieur Alpha Barry (mon prédécesseur) avec qui nous avons passé des moments de célébration de victoires mais hélas aussi des moments difficiles lorsque j’étais dans l’équipe gouvernementale trois années durant. Tout cela nous a amenés à cultiver la solidarité dans l’épreuve.
En ce moment solennel permettez -moi, Cher Alpha, de vous avouer le profond respect que je voue au travail que vous avez accompli avec vos collaborateurs, durant ces dernières années. Vous avez réalisé des acquis qui nous permettront de remporter d’autres victoires pour répondre aux besoins actuels de paix, de sécurité, de stabilité et de développement de notre cher pays.
Excellences, Mesdames et Messieurs, je mesure l’ampleur de la tâche et suis persuadée que le succès de la transformation radicale de notre pays passe par le succès de notre diplomatie. Ceci est d’autant plus vrai que, le contexte géopolitique actuel nous impose d’avoir une diplomatie d’influence forte pour impacter l’agenda régional et international sur les questions relatives à la construction de la paix au Sahel notamment.
Madame la Secrétaire Générale du gouvernement ;
Monsieur le Ministre Alpha Barry ;
Mesdames et Messieurs les Ministres ;
Honorables députés à l’Assemblée nationale ;
Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs ;
Mesdames et Messieurs Représentants des travailleurs ;
Personnel du Ministère, Chers collègues, parents et amis ;
Refusant de croire avec André Frossard qu’« Il y a des cas où tout l’art de la diplomatie consiste à maintenir les problèmes intacts le plus longtemps possible », je voudrais plutôt affirmer avec Ahmed Khiat, que « Gérer les temps de crise nécessite grande diplomatie. À situations exceptionnelles, solutions spéciales ». Fin de citation.
Si pour certains la diplomatie est l’art de dissimuler la sécheresse des propos sous le sirop de la dialectique, pour d’autres, comme moi, la diplomatie, surtout en période de crise, devrait être une diplomatie des citoyens. Ou plutôt une diplomatie dite publique. Nos populations doivent connaitre nos choix, basés sur les intérêts du pays. Nos amis seront ceux à même de nous aider à faire face à nos ambitions de paix, de sécurité et de développement telles que affichées par les plus hautes autorités du pays.
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Je ne vous apprends rien, le travail diplomatique épouse les changements internationaux.
Nous sommes dans un monde globalisé. Les relations diplomatiques sont traversées par les forces de la mondialisation. La diplomatie est tout à la fois un élément de compétition et un facteur de coopération. Il sied donc au vu de l’évolution fluctuante de notre environnement, que des réajustements soient faits pour réadapter notre politique étrangère et promouvoir l’efficience des actions dans nos représentations diplomatiques qui doivent être plus agiles et de véritables forces de propositions. Les Etats Généraux de la diplomatie qui font partie des actions phares du Chantier 2 du programme du Président du Faso et qui sont en préparation nous permettront de tracer un chemin vertueux de notre diplomatie.
C’est pourquoi, dans la dynamique de la vision de SEM le Président du Faso et de SEM le Premier Ministre et dans la mise en œuvre de la diplomatie publique, il sera nécessaire d’opérer une prise de conscience de la fonction de diplomate qui est synonyme d’un plus grand sens élevé de responsabilité et bien plus, une autodiscipline.
Fortement exposé aux effets néfastes de l’instabilité au Sahel qui aujourd’hui, plombe le décollage économique de nos pays, il nous faut en réponse, une diplomatie capable de fédérer pour impulser une meilleure gouvernance politique des questions qui transcendent les frontières nationales.
Le Burkina Faso est membre actif de plusieurs organisations régionales et internationales, telles que le G5 Sahel, l’UEMOA, la CEDEAO, l’UA, l’ONU, la francophonie…, où sont traités des sujets d’importance majeure. La diplomatie burkinabe doit donc prendre sa part dans ce mouvement. Nous entendons dans une approche pragmatique incarner cette nouvelle dynamique, pour permettre à notre pays de tirer les meilleurs avantages de notre coopération. Tous les leviers de la diplomatie seront actionnés, que ce soit les mécanismes de soft power ou de hard power avec des partenaires; actuels ou émergeants ayant une forte capacité d’influence sur les plans politique, économique et sécuritaire.
Mesdames et Messieurs, C’est ensemble, avec chaque maillon de la chaîne, que nous pourrons atteindre les missions confiées à notre département. Je ne compte être ni le Messie, ni un héros solitaire. Je serai un Serviteur et imprimerai avec engagement et conviction, la dynamique nouvelle voulue par Son Excellence Monsieur le Président du Faso. Quelle que soit la position administrative que tu occupes, si tu es dans ce ministère, c’est que ta pierre ne sera pas de trop pour la construction de la vision commune.
Le diplomate moderne va au contact non seulement des partenaires traditionnels mais aussi recherche d’autres partenaires en fonction des avantages comparatifs des uns et des autres. Il sort des sentiers battus pour nouer des partenariats avec le secteur privé et la société civile. Il est sur le terrain, c’est un capteur, un facilitateur comme l’affirmait Laurent Fabius. Il doit donc en toute situation faire preuve de réalisme et de pragmatisme. C’est ce que nous entendons incarner. Pour cela, nous voulons compter sur toutes les ressources de notre pays, diplomate de métier y compris mes Aînés dont je remercie la présence ce matin parmi nous, ou homme d’influence résidant sur le territoire national ou à l’étranger en particulier nos compatriotes de la diaspora.
Tous ceux qui aiment le Burkina Faso, sont les bienvenus pour se mettre en route avec nous sur la voie de la construction de la paix et de la prospérité dans le pays, dans la sous-région, sur le continent africain et dans le monde . Car c’est tous ensemble que, nous contribuerons à créer un profil idéal pour la destination Burkina Faso. C’est aussi ensemble que nous construirons avec les États frères une parfaite intégration si non, un renforcement significatif de la coopération au sein de l’Union Africaine. A défaut de nous unir, nous périrons ensemble car aucun pays ne peut se replier sur lui-même et vivre en autarcie Pour y parvenir il nous faut resserrer les rangs. La pandémie à COVID 19 nous le montre à souhait.
Tout en félicitant le personnel du département, pour le travail qu’il accomplit tous les jours, je lance à tous un appel à davantage d’implication. Il nous faut au quotidien, faire preuve, dans les moindres tâches, d’esprit d’équipe, de discipline, de professionnalisme et promouvoir les valeurs essentielles que sont l’éthique et l’intégrité. En ce qui me concerne, je m’y engage.
Madame la Secrétaire Générale du gouvernement ;
Monsieur le Ministre Alpha Barry;
Mesdames et Messieurs les Ministres
Honorables députés à l’Assemblée nationale ;
Mesdames et Messieurs, personnel du Ministère, collègues, parents et amis ;
Pour réaliser les résultats, je ne ménagerai aucun effort ni, aucune force, pour capitaliser sur nos acquis stratégiques. La voix du Burkina Faso doit porter plus haut, plus clairement et plus fortement ses intérêts légitimes. En prenant la réelle mesure de cette exigence, je nous engage tous, à y travailler sans relâche pour un rayonnement de notre pays et une moisson abondante pour nos populations.
Je suis convaincue que nous y arriverons.
Vive le Burkina Faso réconcilié et en paix!
Que le Tout Puissant bénisse notre pays!
Je vous remercie !