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Présidentielle au Ghana : Il y a eu plus de … fair play que de mal

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Les Ghanéens se sont rendus aux urnes le 7 décembre 2024 pour des élections générales (présidentielle et législatives). Alors que les premiers résultats provisoires étaient attendus pour le 10 décembre prochain, la mère des élections (la présidentielle) a livré les siennes dès le lendemain du scrutin. Le candidat du parti au pouvoir, Mahamadu Bawumia, a reconnu sa défaite et appelé son challenger de l’opposition, John Dramani Mahama, pour le féliciter pour son élection dès le premier tour. On peut dire qu’il y a eu plus de peur, ou plutôt de fair play que de mal quand on se rappelle les sueurs froides et la frayeur d’avant-élection.

John Dramani Mahama, nouveau président élu du Ghana

Il y a de quoi pousser un ouf de soulagement par rapport au déroulement du scrutin (on déplore tout de même 2 morts par balle le jour du scrutin) et surtout l’annonce et l’accueil des résultats de la présidentielle. Le candidat du New Patriotic Party (parti au pouvoir), Mahamadu Bawumia, qui est par ailleurs vice-président du Ghana, a reconnu sa défaite dès le lendemain du vote. Mieux, il a appelé le candidat du National Democratic Congress (NDC, opposition), John Dramani Mahama, pour le féliciter pour son élection.

« Le peuple ghanéen s’est exprimé. Il a voté pour le changement et nous le respectons en toute humilité », a déclaré le candidat Bawumia le 8 décembre lors d’une conférence de presse. Il n’a pas attendu que la Commission électorale, qui était toujours en train de compiler les résultats, annonce quoi que ce soit. Il s’est appuyé sur un examen interne des résultats du scrutin fait par son parti qui donne 56,3% au candidat de l’opposition contre 41,3% à son porte-étendard.

Les choses étaient déjà pliées et il ne restait plus qu’à poser cet acte honorable en passant un coup de fil à l’adversaire pour le féliciter pour sa victoire. Une élégance rarissime sur le continent africain et qui a été confirmée par le vainqueur sur son compte X (anciennement Twitter). Cela a eu sans doute pour conséquence de contre-carrer d’éventuelles manifestations de contestations, de revendications de victoire par chaque camp comme c’est de coutume en pareille circonstance.

Toutefois, il y avait beaucoup d’incertitudes sur le dénouement de cette consultation majeure pour laquelle 12 candidats étaient en lice. Et qui a été marquée par un come black historique de John Dramani Mahama qui revient au pouvoir par les urnes, qu’il a exercé de 2012 à 2017, avant de le quitter démocratiquement non sans avoir essayé de prendre sa revanche.

Que de frayeur, disions-nous, avant le jour J ! Le 19 novembre dernier, en conférence de presse, le responsable à la communication du NDC, Sammy Gyamfi, a ouvertement accusé le président sortant, Nana Akuffo-Addo, de vouloir truquer les résultats de l’élection en faveur du candidat de son parti. Un haut gradé de l’armée ghanéenne en avait aussi pris pour son … grade. « Selon des informations crédibles, la résidence du brigadier Micheal Opoku à Kumasi sert actuellement de lieu de stockage pour des armes, des bulletins de vote imprimés illégalement, de l’équipement militaire et autre matériel électoral », avait déclaré sans sourciller ce responsable de la communication. Il avait enfoncé le clou en assénant que « le brigadier Micheal Opoku est en charge de l’entraînement des voyous du NPP et il prévoit d’habiller ces voyous en uniforme militaire pour attaquer les agents et les supporters du NDC ainsi que les civils innocents ». Bourrage et vol d’urnes dans la région ashanti et provocation de troubles le jour des élections ont été aussi des accusations portées contre le pouvoir en place.

Aujourd’hui, ces exemples et bien d’autres sont derrière les Ghanéens et peuvent être perçus comme une surenchère de l’opposition pour que le scrutin soit le plus transparent possible. Ou tout simplement une façon de jouer au mauvais perdant par anticipation. On ne manquera pas de dire qu’il y a eu ce happy end parce que c’est le candidat du pouvoir qui a perdu. Autrement dit, ce ne serait pas le cas si c’était l’inverse compte tenu du fait qu’en Afrique, d’une manière générale, une élection présidentielle n’est jamais transparente si c’est le pouvoir, qui l’a organisée, qui la remporte.

Toutefois, les pays anglophones se démarquent de ceux francophones en étant des gentlemen électoraux. Les exemples de candidats au pouvoir de pays anglophones qui reconnaissent leur défaite et appellent leurs adversaires pour les féliciter sont légion. Le dernier exemple en date vient du Botswana avec l’élection en douceur d’un opposant qui a mis fin à l’hégémonie du parti au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1966. Bref, tout est bien qui finit bien concernant le Ghana et il ne reste plus qu’à souhaiter bon vent au nouvel ancien président. Il en a besoin pour sortir le Ghana du marasme économique caractérisé notamment par une inflation record de 54,1% enregistrée en décembre 2022 (du jamais vu depuis 21 ans) et qui a été ramenée aujourd’hui à 23% sans pouvoir enrayer le coût élevé de la vie.

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