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Procès Thomas Sankara : les médecins qui ont établi les certificats de décès regrettent leur acte

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L’audience des accusés dans le Coup d’Etat contre Thomas Sankara et ses compagnons s’est poursuivie ce jeudi 4 novembre 2021 au tribunal militaire de Ouagadougou. C’était le tour de Alidou Jean Christophe DIEGRE, médecin-commandant à l’époque, Hamado KAFANDO, médecin militaire à l’époque et de Jean Pierre PALM, de passer à la barre, pour leur interrogatoire.

Alidou Jean Christophe DIEGRE, médecin militaire, est accusé de faux d’écriture publique, car c’est ce dernier qui a établi le certificat de décès du capitaine Thomas Sankara et deux autres militaire avec pour cause de décès « mort naturelle ».

L’accusé Alidou Jean Christophe DIEGRE reconnait avoir établi et signé 3 certificats de décès pour la veuve de Thomas Sankara et deux autres femmes, avec la mention « mort naturelle », trois mois après les évènements du 15 octobre 1987. Selon ses dires, les 3 femmes qui se sont présentées à son domicile un dimanche ont suscité en lui de la compassion. Et par humanisme, il a établi ce certificat avec la mention « mort naturelle » pour permettre à ces femmes d’accomplir des actes administratifs. « Je n’avais pas connaissance des causes réelles de la mort du Président Thomas Sankara, mais j’ai jugé de mettre la mention morte naturelle », a-t-il fait comprendre.

Cependant, il précise que la mention « mort naturelle » n’est pas une cause mais un diagnostic et que pour établir la cause il faut une autopsie alors que lui, n’ayant pas vu de corps, il n’avait que cette option.

Le procureur a voulu savoir si toutefois il n’a pas été contraint de mentionner « mort naturelle » sur le certificat médical de Thomas Sankara. D’un ton suffisant, l’accusé répondit, « Attendez, me donner des instructions pour que je délivre un certificat médical ? Je vois que vous ne me connaissiez pas. À l’époque il n’y a personne pour m’obliger à le faire faire. Je n’étais pas le militaire qui était complètement dans les rangs », a martelé l’accusé, avant d’ajouter « Je l’ai fait en mon âme et conscience ».
Son conseil, dans sa ligne de défense a fait observer à la cour que si les causes du décès du capitaine Thomas Sankara étaient connues, on n’aurait pas encore eu besoin des services d’un expert.

Hamado KAFANDO, avait aussi les mêmes chefs d’accusation que Alidou Jean Christophe DIEGRE. Pour lui, il est accusé d’avoir livré un certificat de décès avec la mention « mort accidentelle », de l’un des soldats tombés dans l’événement tragique du 15 octobre 1987. « J’ai cru bon à son temps, et vu les circonstances dans lesquelles les choses se sont passées, que la mention morte accidentelle était le terme approprié », s’est-il justifie. Il a aussi précisé qu’il n’a été aucunement contraint à utiliser ces termes.

Les deux médecins ont ténu à s’excuser pour avoir « commis cette faute professionnelle », qui a, au lieu d’aider les veuves, a fait plus de mal.

Le troisième accusé, appelé à la barre était, le Colonel major de la gendarmerie, Jean Pierre PALM, par ailleurs capitaine au moment des faits. Il est accusé de complicité d’attentat à la sureté de l’État.

A la question du Président du tribunal, de savoir s’il reconnaît les faits qui lui sont reprochés, l’accusé a répondu par la négation. « Je ne reconnaît pas les faits qui me sont reprochés monsieur le Président ».
Son interrogatoire se poursuivra le lundi 8 novembre 2021, au tribunal militaire à partir de 9 heures.

Par Aubin OUÉDRAOGO
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