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Sortie de Transition au Gabon et en Guinée : Entre empressement et prolongations

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A l’image des trois (03) pays du Sahel (Burkina, Mali et Niger), deux autres sont aussi en transition politique. Il s’agit de la Guinée Conakry et du Gabon. Ces deux derniers ont annoncé leur intention de sortir de cette parenthèse à travers des chronogrammes élaborés souvent en accord avec la classe politique et les organisations de la société civile (OSC) et/ou des organisations sous régionales. Ainsi, les autorités transitoires guinéennes envisagent tourner la page au plus tard le 31 décembre 2024. Celles gabonaises mettent tout en œuvre pour un retour à l’ordre constitutionnel normal dans le courant de la nouvelle année 2025. Mais à l’épreuve des réalités, il y a des modulations dans les intentions. Si au Gabon, un point d’honneur est mis pour le respect du chronogramme, ce n’est pas le cas au pays de Sékou Touré où on joue les prolongations.

Les autorités gabonaises ne cessent de surprendre agréablement sur le plan du respect du chronogramme de sortie de la parenthèse ouverte depuis le 30 août 2023 avec le coup d’Etat contre le président Ali Bongo Ondimba qui venait d’être réélu. La dernière surprise en date est l’annonce faite le 28 décembre dernier, par le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, de la révision anticipée des listes électorales. Initialement prévue en avril 2025 dans le calendrier de la Transition, celle-ci débutera le 2 janvier et s’étalera jusqu’au 31 janvier 2025, soit trois (03) mois à l’avance.

Avant cette anticipation de la révision des listes électorales, c’est la nouvelle Constitution qui a été adoptée à 91% lors du référendum du 16 novembre 2024. La nouvelle Loi fondamentale comporte des innovations majeures comme la limitation du mandat présidentiel, la séparation accrue des pouvoirs, la détermination de mécanismes plus transparents de gestion publique.

Par rapport à la présidentielle projetée officieusement pour août 2025, le président de la Transition et chef de l’Etat, le Général Brice Oligui Nguema, a agréablement surpris beaucoup de personnes. Alors qu’on lui prêtait des intentions présidentielles, le président du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) a récemment fait savoir qu’il ne serait pas candidat à la présidentielle de sortie de la Transition. Voilà qui a de quoi rassurer dans un continent où beaucoup de « transitaires » font de ce sujet un tabou quand ils ne finissent pas par faire tomber le masque à la dernière minute.

Si rien de fâcheux ne vienne gripper la machine entre-temps, si les promesses faites sont tenues, la parenthèse de la Transition sera refermée en 2025 au pays des Bongo. Déjà, bon nombre d’observateurs affirment que le chronogramme élaboré est suivi, respecté jusque-là par les autorités « dans la plus grande rigueur ».

La situation rassurante du Gabon contraste avec celle d’un autre pays en Transition : la Guinée Conakry. Là-bas, il n’y a aucune lisibilité, aucune clarté dans la sortie de Transition. Si au Gabon, on se presse pour voir le bout du tunnel, ce n’est pas le cas en Guinée. On y prend tout son temps, on avance d’un pas pour en faire deux en arrière après. La preuve est cette récente annonce du porte-parole du gouvernement guinéen, Ousmane Gaoual, sur l’impossibilité de respecter la date du 31 décembre 2024 comme deadline de la Transition. Cette date butoir avait pourtant été arrêtée d’un commun accord avec notamment la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). En soi, ce n’est pas une surprise car le Comité national de rassemblement pour le développement (CNRD) avait embouché bien avant la trompette du report, de la prolongation de la Transition. Et cela malgré la présentation, en fin juillet 2024, d’un avant-projet de nouvelle Constitution. Ledit projet, qui devait être soumis à référendum avant la fin de l’année 2024, prévoit notamment une limitation à deux des mandats présidentiels, l’instauration d’un système de parrainage pour l’élection présidentielle, un âge compris entre 35 et 80 ans pour être candidat, la mise en place d’un nouveau Parlement avec deux chambres (une Assemblée nationale et un Sénat).

Finalement, tout cela est renvoyé aux calendes … guinéennes. Avec tous les risques de réveiller les démons de la violence politique. Déjà, la Plateforme des forces vives, qui regroupe des partis d’opposition et des organisations de la société civile (OSC) critiques de la Transition, a annoncé dans un communiqué sa volonté de ne plus reconnaître les autorités en place après la fin de l’année. Elle demande l’instauration d’une transition civile après la date butoir. La nouvelle année ne s’annonce pas sous de bons auspices dans ce pays où la Transition politique a été ouverte en septembre 2021, avec le coup d’Etat de l’alors Lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya (il est Général d’armée depuis le 1er novembre 2024) contre Alpha Condé, ne cesse de jouer les prolongations. Plus de trois (03) ans après, le bout du tunnel n’est toujours pas perceptible.

Après le rendez-vous manqué de 2024, celui de la nouvelle année sera-t-il le bon ? On attendra de voir en espérant que les actes préparatoires de sortie de Transition pourront être posés avec sérénité dans un pays en paix. D’ores et déjà, il faudra que la CEDEAO, dont la Guinée est toujours membre, s’en mêle et ne laisse pas les Guinéens entre eux régler ce problème qui cristallise les passions.

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