Le Togo inaugure un tournant institutionnel majeur avec l’entrée en vigueur de la Ve République. Cette réforme politique redéfinit la répartition des pouvoirs au sommet de l’État, instaurant un régime parlementaire dans lequel la fonction présidentielle devient essentiellement symbolique.
Cela signifie que Faure Gnassingbé, qui dirigeait le pays depuis près de vingt (20) ans, garde toujours l’essentiel des prérogatives exécutives en devenant le Président du Conseil des ministres, une nouvelle clé de voûte du pouvoir. Le poste de Président de la République, est confié à Jean-Lucien Savi de Tové, figure historique de la scène politique nationale et ancien opposant.
Il faut souligner que ce poste du Président de la République n’est qu’un titre honorifique. Selon la nouvelle constitution de la Ve République, il devient le garant de l’unité nationale, de la stabilité des institutions, et veille au respect des symboles de l’État. Il ne participe ni à l’élaboration des lois, ni à la conduite du gouvernement.
L’élection s’est tenue ce samedi 3 mai à l’Assemblée nationale, où 149 parlementaires, issus des deux chambres réunies en congrès constitutionnel, ont procédé au vote. Unique candidat en lice, Jean-Lucien Savi de Tové a été proposé par l’Union pour la République (UNIR), formation politique largement dominante. Agé de 86 ans, il a été élu conformément aux dispositions de la nouvelle constitution qui encadrent strictement le profil requis pour cette fonction.
Ancien ministre du Commerce entre 2005 et 2007, cofondateur de la Convention des Peuples pour le Progrès (CPP) et acteur marquant de la Conférence nationale souveraine de 1991, Jean-Lucien Savi de Tové est reconnu pour sa trajectoire politique modérée. Cette élection formalise son retour sur le devant de la scène politique dans un rôle qui, bien que dénué d’influence décisionnelle, reste essentiel pour incarner l’unité nationale et garantir la stabilité des institutions.
Faure Gnassingbé demeure le leader incontestable
Quelques heures avant cette élection, Faure Gnassingbé prêtait serment en tant que Président du Conseil devant la Cour constitutionnelle, confirmant ainsi la concentration du pouvoir exécutif entre ses mains. En effet, la Ve République consacre désormais un poste de Président du Conseil des Ministres, l’organe politique qui détient les pleins pouvoirs de la magistrature suprême. Faure Gnassingbé occupe dorénavant ces fonctions.
Le changement de régime modifie donc la forme, mais maintient le même équilibre des forces. Faure Gnassingbé reste chef des armées, responsable des affaires étrangères, et pilote l’action gouvernementale, malgré la révision des structures étatiques.