Le président malien, Assimi Goïta, a effectué une visite d’amitié et de travail au Burkina le 25 juin dernier. Officiellement, il a été question de coopération bilatérale, de lutte contre le terrorisme., de développement socio-économique et de quête de souveraineté totale. Les deux pays étant membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), le renforcement de cette alliance militaire a été aussi au menu des échanges.
Au terme de sa première visite, le chef de l’Etat malien a salué les liens de fraternité et de bon voisinage entre les deux pays. Il a aussi déclaré aux médias d’Etat burkinabè que la coopération bilatérale et des questions sécuritaires ont été les sujets majeurs lors de son entretien avec son homologue burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré.
Concernant la sécurité, il a fait savoir que la coopération militaire entre les deux pays « s’est améliorée et renforcée » avec l’arrivée au pouvoir, en fin septembre 2022, du capitaine Traoré. Assimi Goïta a martelé au sujet de l’AES que ses membres ont emprunté un chemin de non-retour avec sa création. Tout retour au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est donc exclu. Dans l’immédiat en tous cas.
Avec cette visite, le Burkina peut s’enorgueillir d’être le premier pays africain à recevoir le président malien. Depuis son coup d’Etat en 2020, le lieutenant-colonel Goïta n’est sorti du Mali qu’une seule fois pour se rendre en Russie à l’occasion du Sommet de Saint-Pétersbourg en juillet 2023. De retour dudit sommet, il n’a plus quitté son pays. Ce sont les autres, notamment ses voisins en proie aussi au terrorisme, qui lui ont rendu visite. Il s’agit successivement de l’ex-chef d’Etat burkinabè Paul Henri Sandaogo Damiba et de son successeur Ibrahim Traoré. A leur suite, le nouveau président nigérien, le général Abdourahamane Tiani, qui a aussi fait un coup d’Etat en juillet 2023, a également effectué « le pèlerinage de Bamako ».
Alors que l’on pensait que le numéro un malien allait renvoyer immédiatement l’ascenseur, il n’y a rien eu. On a cessé de se demander s’il sortirait un jour du Mali pour se rendre à l’extérieur. Par finir, on s’est laissé convaincre qu’il ne mettrait pas le nez dehors que ce fut une surprise agréable lorsque l’on a appris qu’il réservait sa première visite officielle dans un pays africain à son voisin burkinabè. Mieux vaut tard que jamais, serait-on tenté de dire.
Les intérêts et les défis communs ont sans doute décidé le président malien à faire le déplacement du Burkina. Et ça vaut bien le coup. Les deux pays ont la particularité d’être confronté au terrorisme. Le Mali a été le premier à subir les attaques des hordes terroristes à partir de 2012 avant que le Burkina ne soit touché à son tour en début 2016. Au début, chaque pays a essayé de régler le problème à sa façon et de son côté. Ainsi, le Mali a fait appel à la France qui a monté l’Opération Serval. Et ensuite l’ONU qui a déployé la Mission multidimensionnelle de stabilisation du Mali (MINUSMA).
De son côté, le Burkina n’a pas voulu solliciter une aide extérieure et a don décidé de faire face au terrorisme avec ses propres moyens. Devant les difficultés éprouvées par les régimes civils en place dans les deux pays pour contrer la menace, des militaires ont donc pris leurs responsabilités en déposant les présidents démocratiquement élus et prendre leur place pour, disent-ils, sauver la nation en péril.
A coup de rupture fracassante avec l’ancienne puissance coloniale, de changement de paradigme dans la lutte, les pouvoirs kakis des deux pays ont fini par se rapprocher en mutualisant leurs forces, en échangeant des renseignements, en autorisant des droits de poursuite de part et d’autre des frontières, etc.
Il reste à espérer que cette prise de conscience commune du danger, que cette unité face à l’adversité, permettent d’éradiquer le terrorisme. Pour le moment ce n’est pas le cas et on espère que ça ne saurait tarder au grand bonheur des populations meurtries, éprouvées.