Ceci est une tribune du Professeur Charlemagne Ouédraogo, gynécologue-obstétricien, sur la grossesse môlaire.
Une jeune dame fait son test de grossesse qui se révèle positif. Elle vient chez le gynécologue pour une échographie de datation et se rassurer que tout va bien. A sa grande surprise, le gynécologue cherche l’embryon en vain, il voit plutôt une masse dans son utérus. Il dit à sa patiente: il n’y a malheureusement pas de vie dans le placenta. Le gynécologue lui dit qu’il s’agit d’une grossesse môlaire. Elle n’en a jamais entendu parler. C’est une situation périlleuse comparable à une épée de Damoclès. Commence alors le début d’une longue explication sur ce phénomène.
La grossesse môlaire, qu’est-ce que c’est ? Que faut-il faire ?
La grossesse môlaire est une grossesse anormale qui ne voit que son placenta se développer. Même si ‘‘molaire » fait référence à un terme dentaire, ce n’est pas le cas ici. Il s’agit d’une anomalie de grossesse. La grossesse môlaire s’installe suite à une anomalie génétique majeure. Elle est exclusivement accidentelle. Elle entre dans le cadre des maladies trophoblastiques gestationnelles dont elle est l’entité la plus fréquente.
Normalement, une grossesse doit résulter de la rencontre d’un matériel génétique du père et de la mère, mais dans le cas de la grossesse môlaire complète ( sans embryon), il y a une anomalie génétique qui se produit lors de la fécondation.
Le fœtus ne peut donc pas se développer. C’est le placenta qui subit une dégénérescence kystique ressemblant à des grappes de raisin.
L’âge de la mère : une grossesse précoce avant 16 ou une grossesse tardive après 40 ans, une fausse couche, l’absence de vitamine A dans l’alimentation sont entre autres des facteurs qui peuvent entraîner la survenue d’une grossesse môlaire.
La grossesse môlaire se manifeste
par des saignements vaginaux du rouge vif, au cours du 1er trimestre, pouvant provoquer une anémie ; des nausées et de vomissements, une augmentation du volume de l’utérus à cause du développement anormal du placenta. Elle peut se manifester aussi sous forme de fausse couche spontanée. Cette fausse couche est hémorragique et presque toujours incomplète.
Le diagnostic de la grossesse môlaire est fait lors d’une échographie
A l’image on ne voit pas d’embryon mais une image en nid d’abeille ou en flocons de neige ressemblant à des grappes de raisin.
La grossesse môlaire doit être interrompue pour éviter de graves complications.
Le traitement revient à vider le contenu de l’utérus par aspiration. Elle peut se compliquer et atteindre les poumons et devenir comme une sorte de cancer. Fort heureusement, ce type de cancer se soigne très bien et la chimiothérapie est assez simple.
Il est conseillé aux femmes de ne pas retomber enceintes avant un certain délai prescrit par le gynécologue obstétricien.
La grossesse môlaire est un accident génétique et il est tout à fait possible de porter plus tard une grossesse normalement.
Mais mal traitée, la môle peut évoluer vers le choriocarcinome qui est un cancer.
Le risque de refaire une grossesse môlaire est très faible.