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Condamnation de Marine Le Pen en France : La loi est dure, mais c’est la loi

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Le 31 mars dernier, le Tribunal correctionnel de Paris a rendu son délibéré dans l’affaire des assistants parlementaires de l’ex-Front National (FN) au Parlement européen. La figure de proue de ce parti d’extrême droite, Marine Le Pen, et d’autres militants ont été condamnés, entre autres, à des peines d’inéligibilité. La conséquence directe de ce verdict est l’impossibilité pour Marine Le Pen de se présenter à l’élection présidentielle de 2027 en France si les choses en restaient là. Il n’en fallait pas plus pour la fille de Jean Marie Le Pen pour s’en prendre à la justice en l’accusant d’être politisée. Le coup est dur pour cette figure de l’extrême droite qui en vient à oublier cette maxime, dura lex, sed lex, qui veut dire la loi est dure, mais c’est la loi.

Condamnation de Marine Le Pen en France

Lundi 31 mars 2025. Voici une date que Le Rassemblement national et sa présidente, Marine Le Pen, ne vont pas oublier de sitôt. On le qualifierait de lundi noir que ce ne serait pas exagéré. Ce jour-là, le Tribunal correctionnel de Paris a rendu son verdict du procès de l’affaire des assistants parlementaires du Front National (FN) au Parlement européen (devenu Rassemblement National – RN – en 2018) ouvert en septembre 2024.

Au terme d’un procès de sept (07) mois, Marine Le Pen et 23 coaccusés, dont des eurodéputés et des assistants parlementaires au moment des faits, ont été reconnus coupables de détournement de fonds publics dans cette affaire au détriment du Parlement européen. Le coût du préjudice est évalué à 4,6 millions d’euros, soit un peu plus de 3 milliards de francs CFA.  Ainsi, Marine Le Pen a été condamnée à une peine de quatre (04) ans d’emprisonnement dont deux (02) fermes (aménageable avec un bracelet électronique pour éviter d’aller en prison), à 100 000 euros d’amende, soit 65,5 millions de francs CFA. Comme une (mauvaise) cerise sur le gâteau, la figure emblématique de l’extrême droite française a écopé d’une peine d’inéligibilité

de cinq (05) ans avec effet immédiat. Ce qui équivaut à une interdiction de briguer un mandat public durant ce laps de temps.

Dans l’immédiat, la députée du RN doit faire le deuil de ses ambitions de la présidentielle de 2027. Si les choses restent en l’état c’est-à-dire sans un recours heureux contre la décision, elle ne pourra pas se présenter pour la quatrième fois à ce scrutin majeur.

Cette perspective sombre, inimaginable et imprévue a mis Marine Le Pen, candidate naturelle de l’extrême droite à cette élection depuis des lustres, et ses partisans dans tous leurs états. Très rapidement, des accusations d’instrumentalisation de la justice à des fins politiques ont fusé. On a déjà oublié la clarification faite pourtant par la présidente du Tribunal, Bénédicte de Perthuis, au moment de rendre son verdict. « Que les choses soient claires, personne n’est jugé pour avoir fait de la politique. Ce n’est pas le sujet », a-t-elle relevé dans la motivation du jugement. Le ton est même monté d’un cran à l’occasion d’une manifestation de soutien des partisans de Mme Le Pen le 6 avril dernier (à laquelle ont répondu les Écologistes et la France Insoumise par une contre-manifestation le même jour). Face à ses militants rassemblés à la Place Vauban à Paris, la leader de l’extrême droite a déclaré que « ce n’est pas une décision de justice, c’est une décision politique qui a non seulement bafoué l’Etat de droit, mais aussi l’Etat de démocratie ». Ou encore : « Je ne lâcherai rien. Cette décision a foulé au pied mon peuple, mon pays et mon honneur ».

Tout en disant le mal qu’elle pense de la décision et de la justice française à travers notamment des interviews à la presse, Marine Le Pen n’oublie pas pour autant d’exercer les voies de recours prévues par la loi. Ainsi, elle a fait appel de son jugement le lendemain de son prononcé, soit le 1er avril. La Cour d’appel de Paris a confirmé avoir été saisie de trois appels de la décision rendue le 31 mars et a promis un examen du dossier « dans des délais qui devraient permettre de rendre une décision à l’été 2026 ». Une perspective qualifiée de « très bonne nouvelle » par l’intéressée pour qui cela dénote « le trouble qu’a créé le jugement » comme le rapporte le journal Le Monde.

Dans son offensive, Mme Le Pen ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Dans un entretien publié par Le Parisien, elle a annoncé vouloir « saisir le Conseil constitutionnel par une question prioritaire de constitutionnalité » sur « l’incompatibilité qu’il y a entre une décision d’inéligibilité avec exécution provisoire et la liberté des électeurs qui est inscrite dans la Constitution ». La Cour européenne des droits de l’homme sera aussi saisie en référé pour faire valoir que le jugement « crée un préjudice irréparable ».

A force de faire un tapage surtout autour de la peine d’inéligibilité, Marine Le Pen a suscité de l’inquiétude dans certains milieux. Il en est ainsi du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) qui a exprimé son « inquiétude face aux réactions virulentes » après la condamnation de Marine Le Pen, les jugeant « de nature à remettre en cause gravement l’indépendance de l’autorité judiciaire ». La campagne n’épargne pas non plus la juge Bénédicte de Perthuis qui a été placée sous protection policière après de nombreuses menaces dont elle est l’objet. Un homme a même été placé en garde en vue cette semaine pour avoir menacé de mort sur le réseau X (ex-Twitter) Mme de Perthuis.

Marine Le Pen a beau dire qu’elle n’est pas au-dessus de la loi, il y a de quoi s’inquiéter au vu de ses déclarations et de la campagne de diabolisation de la justice. On se croirait dans une république bananière avec des citoyens qui s’en prennent à la justice quand ses décisions ne leur sont pas favorables. Mais nous sommes en France, patrie des droits de l’Homme, de la démocratie, dont l’une des caractéristiques est la séparation des pouvoirs. Et au nom de l’indépendance du pouvoir judiciaire, il est, par exemple, interdit de critiquer les décisions de justice. Lorsqu’on n’est pas content d’un jugement rendu, on use des voies de recours. Visiblement, tout cela est remis en cause par Marine Le Pen et ses soutiens.

Ce n’est pas bon signe pour une personne qui aspire à diriger le pays un jour. On peut bien comprendre le coup de massue que constitue la peine de l’inéligibilité. Dame Le Pen rêve beaucoup d’un destin national qu’elle n’envisage pas de se faire remplacer par le président de son parti, Jordan Bardella, au moment où elle se dit qu’elle approche enfin du but. Mais la meilleure façon d’éviter de se retrouver dans des situations compromettantes est d’avoir un comportement exemplaire, de ne pas ruser avec les lois. L’ancien président Nicolas Sarkozy en sait quelque chose pour être empêtré aujourd’hui dans une affaire de financement de sa campagne électorale de 2007 par des fonds libyens et pour laquelle il a été requis à son encontre, en fin mars dernier, sept (07) ans de prison.

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