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Gabon : Ne m’appelez plus Général ! Appelez-moi M. le président de la république

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Le président de la Transition et candidat à l’élection présidentielle du 12 avril 2025, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, a été élu au premier tour avec 90,35% des voix. Il tombe la tenue militaire – et le grade de Général avec – pour présider aux destinées des Gabonais pour un premier mandat de sept (07) ans.

On ne pourra plus lui servir du « Mon Général ! » en s’adressant désormais à Brice Clotaire Oligui Nguema. Il a tombé sa tenue de militaire – et son grade de Général avec – pour pouvoir se présenter à l’élection présidentielle du 12 avril 2025. Un scrutin qu’il a remporté haut les mains au premier tour avec 90,35% des voix, selon les résultats globaux provisoires proclamés par le ministère de l’Intérieur le 13 avril, lendemain de l’élection. On aura remarqué au passage que c’est le ministère de l’Intérieur qui a organisé le scrutin à travers la Commission nationale d’organisation et de coordination des élections et du référendum (CNOCER). Cette fois, il n’a pas été question de la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP) sans qu’il y ait eu officiellement des contestations notables jusque-là comme jadis sous les Bongo.

Au bout de 19 mois de Transition militaire, le Gabon renoue donc avec l’ordre constitutionnel normal. Dernier venu dans le cercle des putschistes africains en août 2023, Brice Oligui Nguema est le premier à en ressortir. Alors que l’on pensait qu’il allait rendre le pouvoir aux civils comme il l’avait promis à son arrivée à la tête du Comité de Transition et de restauration des institutions (CTRI), « le candidat du peuple » a visiblement pris goût et décidé d’avoir l’onction du peuple à travers les urnes pour se conformer aux exigences de la démocratie. De quoi rappeler un autre Général, feu Robert Gueï, qui, après avoir « balayé la maison » ivoirienne a voulu y rester avant d’en être défenestré. Heureusement, ce n’est pas le cas de l’ex-Général de l’Armée gabonaise.

Brice Nguema reste finalement dans la maison qu’il a « balayée », « restaurée » avec le renvoi de la dynastie des Bongo qui a régné sur le Gabon pendant 55 ans. Maintenant, il va devoir s’atteler à relever les nombreux défis des 2,3 millions de ses concitoyens dont le plébiscite à lui fait (le deuxième candidat, l’ancien Premier ministre Alain Claude Bilie By-Nze, arrive loin derrière avec 3,02% des voix) est un message fort, un indicateur de l’ampleur des attentes. Ainsi, il est donc attendu sur plusieurs fronts comme la lutte contre la corruption, la réforme de la justice, l’ouverture démocratique, la relance économique, la gestion de l’or noir et la diversification des revenus de l’État. Ou encore le chômage, les pannes d’électricité, les coupures d’eau, les routes dégradées, les transports publics insuffisants, le manque d’écoles, les hôpitaux défaillants, etc. On notera également en bonne place la réduction de la dette publique élevée qui représentait 73,3% du PIB (Produit intérieur brut) en 2024.

Cela tombe bien parce qu’au moment de déclarer sa candidature à la présidentielle en début mars dernier, Brice Clotaire Oligui Nguema disait vouloir se « mettre au service du peuple dans la continuité », défendant une candidature « de responsabilité » dans un climat « d’attentes élevées ». Il a bien conscience de ce qui l’attend et ne manquera pas de tout mettre en œuvre pour ne pas décevoir un peuple longtemps abusé par les hommes politiques.

Comme pour lui permettre de réussir sa mission, la nouvelle Constitution lui donne des pouvoirs élargis avec, par exemple, la suppression du poste de Premier ministre au profit de celui de Vice-président. Le maçon Nguema est donc attendu au pied du mur gabonais.

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