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Rupture de relations diplomatiques avec l’Ukraine : Le Burkina franchira-t-il aussi le pas au nom de la solidarité « Aesienne » ?

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C’est la rupture en cascade de relations diplomatiques avec l’Ukraine depuis que ce pays a été accusé de « soutien sans équivoque et sans nuance » de groupes terroristes au Nord Mali. Successivement, le Mali et le Niger ont rompu avec « effet immédiat » leurs relations avec Kiev cette semaine. Ces deux pays ont la particularité d’appartenir, avec le Burkina, à l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Depuis les deux annonces, les regards sont tournés vers le pays des Hommes intègres. Ce dernier franchira-t-il le pays comme les deux autres au nom de la solidarité « Aesienne » ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres.

L’annonce de la rupture de leurs relations diplomatiques avec « effet immédiat » du Mali puis du Niger a quelque peu éclipsé la réaction du Burkina après que le soutien ukrainien en termes de renseignements aux groupes terroristes du Nord Mali a été rendu public. En effet, le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération et des Burkinabè de l’extérieur a publié, dans la soirée du 02 août dernier, un communiqué dans lequel il a condamné « fermement cet acte d’apologie du terrorisme ». Et ce, après avoir « pris connaissance avec indignation » de la publication d’une vidéo de propagande de l’armée ukrainienne sur la page Facebook de l’ambassade d’Ukraine à Dakar.

C’est le lendemain 3 août que la diplomatie sénégalaise a fait savoir, dans un communiqué, avoir convoqué un jour plus tôt l’ambassadeur d’Ukraine au Sénégal, Yurii Pyvovarov, pour des commentaires accompagnant une vidéo de propagande de l’armée ukrainienne par le biais desquels il apporte « un soutien sans équivoque et sans nuance » à l’attaque terroriste de fin juillet 2024 à Tinzaouatène dans le Nord malien. « Le Sénégal ne peut tolérer une quelconque tentative de transférer sur son territoire la propagande médiatique en cours dans ce conflit », écrit le ministère des Affaires étrangères du Sénégal. Celui-ci informe que lors de sa convocation, le diplomate ukrainien s’est vu rappeler « les obligations de discrétion, de retenue et de non-ingérence » liées à sa fonction.

On pensait cette affaire de soutien à des groupes terroristes du Nord malien close quand les événements se sont enchaînés subitement. Dans un premier temps, c’est le Mali qui annonce, dans un communiqué lu à la télévision nationale dans la soirée du 4 août 2024, la rupture de ses relations diplomatiques avec « effet immédiat » avec l’Ukraine. Le casus belli est le soutien en renseignements lors de combats avec des groupes terroristes à la frontière avec l’Algérie qui ont été particulièrement meurtriers pour les Forces armées maliennes (FAMa). Le lendemain 5 août, Kiev réagissait dans un communiqué en évoquant « une décision précipitée » de Bamako pour rompre ses relations diplomatiques. Mais l’Ukraine n’était pas encore au bout de ses surprises. Deux jours après le Mali, c’est le Niger qui, le 6 août, suspendait aussi avec « effet immédiat » ses relations diplomatiques avec le pays de Volodomyr Zelensky « pour soutien au terrorisme ». Niamey s’est étonné dans son communiqué du silence de l’Union africaine face à l’agression d’un de ses membres en l’occurrence le Mali. Les militaires au pouvoir dans ce pays comptent saisir l’ONU pour les propos de l’ambassadeur ukrainien à Dakar.

Si on fait le point, au moment où ces lignes étaient tracées, il y a eu deux (02) condamnations de l’ingérence ukrainienne au Sahel à savoir celles du Burkina et du Sénégal et deux (02) ruptures de relations avec l’Ukraine opérées par le Mali et le Niger. A y voir de près, le clash du Niger a été fait en solidarité avec le Mali. C’est une manière pour Niamey de renvoyer l’ascenseur à Bamako qui l’a soutenu aux premiers moments du coup d’Etat du Général Abdourahamane Tiani, en juillet 2023, quand la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) menaçait d’intervenir militairement pour rétablir le président renversé, Mohamed Bazoum. Il se trouve qu’à l’époque, le Mali n’était pas seul dans ce soutien au Niger. Il y avait aussi le Burkina.

Alors que va faire le pays des Hommes intègres face à l’Ukraine accusée de soutenir ouvertement le terrorisme qui touche également le Burkina ? Ouagadougou se contentera-t-elle de son communiqué de condamnation du 02 août dernier ? Ou bien va-t-elle franchir le pays de la rupture au nom de la solidarité « Aesienne » ? Laquelle solidarité permet aux trois (03) Etats de la Confédération AES (Alliance des Etats du Sahel) de se soutenir en tout temps et en tout lieu. C’est au nom de cette solidarité que le Burkina a mené tout récemment une opération aérienne conjointe avec les FAMa en représailles des attaques meurtrières de fin juillet dernier dans le Nord malien. Les questions restent posées et sont sans réponses pour le moment.

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