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Concours directs de la Fonction Publique burkinabè : Pourquoi beaucoup de candidats pour peu de places?

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C’est parti depuis le 10 août dernier pour la session 2024 des concours directs de la Fonction Publique. C’est le ministre d’Etat, ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale, Bassolma Bazié, qui a donné le top de départ des compositions sur table desdits concours à Bobo-Dioulasso. Cette année, ils sont plus de 2 millions de candidats à prendre d’assaut 5 111 postes à pourvoir répartis dans 89 concours.

Les compositions sur table se déroulent dans les 13 chefs-lieux de région et dureront jusqu’au 22 août prochain. Il y a exactement 2 005 158 candidats qui tentent leurs chances pour décrocher l’un des 5 111 postes en jeu à travers 89 concours directs. L’organisation des concours directs de la Fonction Publique coûtera cette année à l’Etat 4,108 milliards de FCFA. Selon le ministre d’Etat Bassolma Bazié, le budget de l’organisation de cette année est en baisse par rapport à celui de la session 2023 qui était de 4 764 869 FCFA, soit une réduction de 13,78%. L’année dernière, le nombre de candidats était de 1 969 736 pour 7 218 postes répartis dans 127 concours directs.

Si l’Etat a une maîtrise du budget alloué à l’organisation ainsi que le nombre de postes à pourvoir qu’il fixe en fonction de ses besoins, il n’a, en revanche, aucun contrôle sur le nombre de candidats. D’une année à l’autre et en fonction des postes à pourvoir, celui-ci peut exploser ou régresser. A titre d’exemple, ce nombre a franchi pour la première fois la barre des 2 millions en 2022. L’année suivante (2023), il est redescendu un peu en dessous avec près de 1 970 000 prétendants à des emplois à la Fonction Publique burkinabè. En 2024, c’est le scénario d’il y a deux ans qui se produit avec le nombre de candidats qui est repassé à nouveau au-dessus de 2 millions.

En attendant de voir ce que peut bien nous réserver 2025 sur ce plan, on constate que les chiffres sont de plus en plus impressionnants voire ahurissants. Plus les années passent, plus le nombre de postulants augmente. On n’a pas encore pu enlever de la tête de beaucoup de diplômés que l’Etat ne peut pas employer tout le monde. On a beau dire que l’ère de l’Etat providence est révolue, rien n’y fit. Bon nombre d’élèves, d’étudiants, rêvent de travailler à la Fonction Publique, dans un bureau climatisé de préférence, à la fin de leurs études.

Le même Etat, pour faire changer cet … état d’esprit, développe des initiatives pour amener les jeunes, surtout ceux qui sortent des écoles, à s’auto-employer. Des projets, des programmes, des initiatives, ont vu le jour pour faire la promotion de l’entreprenariat en général et de celui des jeunes en particulier. Ces derniers sont incités, par exemple, à travailler la terre, à faire de l’élevage. Il y en a qui bénéficient de soutiens financiers et/ou matériels pour démarrer leurs activités. L’accent est aussi mis sur la formation professionnelle pour permettre à ceux qui en bénéficient de « savoir faire quelque chose avec leurs dix doigts » après les bancs. Des coaches en développement personnel, des experts en intelligence financières, ont même fait leur apparition et se sont aussi mis de la partie pour prêcher l’évangile de l’auto-emploi, de la réussite par soi, etc.

Mais une chose est de faire la promotion de l’entreprenariat et une autre est d’arriver à opérer un changement de mentalités en faveur de celui-ci. Il faudra arriver à faire comprendre que l’école donne des outils pour s’en sortir dans la vie plutôt qu’un emploi à la Fonction Publique. Le système éducatif, qui fait jusque-là, la part belle à l’enseignement général au détriment de celui professionnel, est aussi mis en cause dans ce manque d’esprit d’entreprenariat. D’où les appels à sa réforme de fond en comble pour qu’il ne continue pas de déverser chaque année des milliers de diplômés sur le marché de l’emploi. Lequel est devenu étroit avec un Etat qui ne recrute plus beaucoup et un secteur privé qui, lui aussi, ne peut pas absorber le trop plein malgré ses efforts.

Dans ces conditions, le moindre recrutement lancé par l’Etat ou le privé, suscite beaucoup de candidatures quel que soit le nombre de postes à pourvoir. A titre d’exemple, une foule immense de demandeurs d’emplois a déferlé de tout le Burkina le 23 juillet dernier, pour postuler à … 23 postes à La Poste Burkina, l’ex-Société nationale des postes (SONAPOST).

Il n’y a pas longtemps on assistait à ces mêmes scènes de bousculade pour le dépôt des dossiers aux concours directs de la Fonction Publique. Heureusement, avec le temps et les réformes, on n’a plus besoin de se déplacer pour déposer son dossier à ces concours. L’inscription se fait désormais en ligne à travers la plateforme E-concours.

Sans une véritable réforme du système éducatif pour l’adapter au marché de l’emploi, sans un changement de mentalités, beaucoup de diplômés continueront toujours de compter exclusivement sur l’Etat pour leur emploi. Cela n’est pas mauvais en soi. Seulement, il faut changer de paradigme et se dire que la puissance publique ne peut pas trouver du travail à tout le monde.

 

 

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