Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a été tué le 27 septembre 2024 dans des frappes de l’armée israélienne contre le quartier général du mouvement à Beyrouth, la capitale du Liban. Tsahal, l’armée israélienne, a annoncé la nouvelle de la neutralisation de son ennemi juré le lendemain des frappes. Le Hezbollah, mouvement chiite libanais soutenu par l’Iran, a confirmé par la suite la mauvaise nouvelle de la mort de son chef depuis 1992. Pour un coup dur, c’en est un pour le Hezbollah dont le nom, traduit de l’arabe au français, signifie « la lance de Dieu ». Alors, la lance divine s’est-elle brisée définitivement avec la mort de son chef charismatique ?
Le 07 octobre prochain marquera le premier anniversaire de l’offensive militaire israélienne dans la Bande de Gaza en territoire palestinien. En effet, c’est le 07 octobre 2023 qu’à la surprise générale, le Hamas, un mouvement palestinien, a attaqué le territoire israélien à coup de roquettes en se payant même le luxe de prendre des otages israéliens dont certains sont toujours entre ses mains. Les renseignements de l’Etat hébreu, présentés comme les plus efficaces du monde, n’ont rien vu venir. Après s’être remis de cette gifle magistrale, Israël a décidé de laver l’affront. Pour ce faire, son armée a envahi la Bande de Gaza, fief du Hamas, pour en découdre avec ce mouvement. Cela fait une année que dure cette offensive qui n’a pas permis d’anéantir jusque-là le Hamas. Ce sont plutôt les civils qui paient les pots cassés au regard du désastre humanitaire qui a lieu dans l’indifférence générale. Des femmes et des enfants aux mains nues sont tués dans des bombardements qui ne font pas de différence entre cibles militaires et civiles. Des hôpitaux, des camps de réfugiés, des écoles, sont pilonnés sous prétexte d’abriter des bases, des combattants du Hamas. Les appels au cessez-le-feu, à des trêves humanitaires, ont du mal à émerger au milieu du fracas des bombes.
En solidarité avec le Hamas, le Hezbollah s’est invité dans cette guerre en envoyant de temps à autres des roquettes sur le territoire israélien. Ce à quoi l’Etat hébreu répond par des frappes aériennes dans des quartiers de la capitale libanaise censés être des fiefs du Hezbollah. Les frappes étaient devenues intensives que l’on s’est dit que la guerre s’est déplacée de Gaza au Liban. C’est au cours de ces frappes « chirurgicales » que le chef du Hezbollah depuis 1992, Hassan Nasrallah, a été tué le 27 septembre dernier. Incroyable mais vrai ! Comment cela a-t-il été possible ?
Depuis qu’il est à la tête du Hezbollah, Hassan Nasrallah est très mystérieux. Son mouvement est un Etat dans l’Etat libanais et son chef cultive tellement le secret que l’on a très peu, par exemple, des images de lui. Ses interventions sont tout le temps enregistrées et diffusées à ses milliers de partisans à qui il ne s’adresse jamais physiquement. D’ailleurs, à l’annonce de sa mort par l’armée israélienne, il se trouvait des personnes qui n’y croyaient pas. On a même vu des articles de presse affirmant qu’il a survécu aux frappes ciblées, qu’il en est sorti « indemne ». Mais la dure nouvelle, la triste réalité, a été confirmée par le mouvement lui-même mettant du coup fin aux supputations. Israël vient de neutraliser son Ben Laden.
On devine aisément que c’est un coup dur pour le Hezbollah qui vient ainsi de perdre son chef charismatique. Si on se réfère au sens du nom du mouvement qui veut dire « la lance d’Allah (Dieu) », on ne peut s’empêcher de se demander si la lance a été brisée pour de bon. Ce que l’on ne dit pas assez est que le Hezbollah a été sérieusement décapité depuis le début des frappes. En plus de Hassan Nasrallah, des chefs militaires du mouvement ont été tués soit dans des frappes aériennes, soit dans l’explosion de leurs bippers ou de leurs talkies walkies piégés.
Il y a des chutes, des chocs, des coups, dont on se relève difficilement. Il en est ainsi, par exemple, de l’internationale terroriste Al Qaïda qui est devenue l’ombre d’elle-même après l’assassinat de son fondateur Oussama Ben Laden en 2011, soit 10 ans après les attentats du 11-Septembre.
Pour le moment le Hezbollah panse ses plaies et cherche un successeur. Après, il cherchera inéluctablement à venger son chef mort, selon les mots du mouvement, en « martyr glorieux, en chef courageux, vaillant, sage et clairvoyant, fidèle croyant, rejoignant la caravane éternelle des martyrs lumineux de Karbala, dans la marche divine et spirituelle, suivant la voie des prophètes et des imams martyrs ». L’escalade avec Israël n’est sans doute pas finie malgré cette dure épreuve. Et ce sera pour le malheur de cette partie du monde si troublée.