Aconews, dans son élan de motiver la jeunesse Burkinabè et Africaine à ne jamais se donner au découragement et à plus d’ardeur et d’abnégation au travail, est allé à la rencontre de M. Hubert GOUBA. Un exemple de détermination à la réussite qui a amené un chauffeur à gravir tous les échelons pour devenir un Expert juriste et un cadre supérieur dans une grande entreprise, la SONABEL. Lisez son parcours.
L’histoire de cet homme est vraiment exceptionnelle ; une personne qui a bravé vents et marées pour devenir une référence pour la jeunesse Burkinabé et africaine.
Natif de Zabré, il arrive à Ouagadougou en octobre 1975 à l’âge de 12 ans, après son succès au CEP et à l’entrée en 6ème.et commence la classe de 6e au Collège Protestant de Ouagadougou. Son rêve se transforme en cauchemar quand en juin 1979, il est exclu de l’établissement pour une indiscipline due en réalité aux turbulence de l’adolescence, alors qu’il était en classe de 4ème.
Assagi et aguerri par cette situation, il se forge un mental de vaillant combattant et une vision optimiste de la vie et des choses. C’est ainsi qu’il réussit à un test de recrutement d’ouvriers à la SOREMIB en juillet 1982.
Après une formation de trois mois au centre de formation professionnelle de la SOREMIB, il devient un mécanicien spécialisé, mais pas comme les autres.
En effet, conscient qu’une formation de trois mois seulement ne sauraient faire de lui un mécanicien digne de ce nom, il profitait des vacances des français travaillant à la mine pour s’acheter de la documentation technique sur la technologie Diesel et sur les engins de terrassement. Ce dévouement et sa curiosité d’apprendre l’amènent vite à devenir un excellent mécanicien apprécié et vite responsabilisé par ses supérieurs hiérarchiques.
Cependant, cet engagement à un coût : il utilisait une bonne partie de son salaire pour commander aussi par la Poste dans les grandes Librairies de France, des livres de Technologie et de Réparations mécaniques et de Dessin Industriel pour son perfectionnement.
Sa détermination et sa grande capacité d’assimilation de ce qu’on lui montre lui ont valu une nomination au poste de chef d’équipe Reconditionnement (grosses réparations des engins de mines).
Ensuite, il reçoit une lettre de félicitations du Directeur Général de la SOREMIB et est promu, avec deux autres mécaniciens, aspirant au poste d’agent de maîtrise technique.
Son ascension professionnelle ne lui fait pas que des amis ; loin s’en faut. En effet, la Révolution, à ses débuts, a suscité un grand espoir et rencontrait l’assentiment de la frange jeune des populations. Mais très vite, certains éléments des CDR avaient des comportements qui ne respectaient pas du tout l’idéologie et surtout les valeurs prônées par le père de la révolution, le capitaine Thomas SANKARA. C’est ainsi que, l’accusant de « comportements d’aristocratie ouvrière » et de toutes formes de péchés contre la RDP, il connut une longue période de répression depuis mars 1985 jusqu’au licenciement le 27 septembre 1989. Un extrait de ce qu’il a vécu sous le Conseil National de la Révolution (CNR) et sous le Front populaire (FP) :
« Sur le plan associatif, il faut noter qu’après mon embauche à la SOREMIB en juillet 1982, j’ai adhéré au Syndicat des travailleurs de la Géologie, des Mines et des Hydrocarbures (SYNTRAGMIH), un des syndicats révolutionnaires de lutte des classes qui se sont regroupés en Front syndical (FS) sous la RDP et ont donné naissance plus tard à la Confédération Générale du Travail du Burkina (CGT-B), dont j’ai été le secrétaire à l’information de la section de Poura de février1983 à septembre 1989. Comme vous le savez, sous le CNR et le FP, les militants du FS étaient taxés de « réactionnaires, anarchosyndicalistes », et durement réprimés (dégagement, suspension, détention, empêchement d’embauche des « réactionnaires » dans les sociétés et établissements publics de l’Etat, etc.) pour « anarchosyndicalisme et obstruction systématique à la marche radieuse de la Révolution démocratique et populaire »
En tant que membre du bureau du SYNTRAGMIH Poura, je n’ai pas échappé à la bourrasque répressive impétueuse du CNR et du FP. Ainsi, j’ai subi les sanctions suivantes :
- le 04 avril 1985 : suite à un « meeting de vérité » tenu le 16 mars 1985 à Poura pendant que j’étais en congé à Zabré, j’ai été suspendu parce que j’étais le « perroquet des anarchosyndicalistes, et la concentration parfaite des contradictions de l’anarchosyndicalisme ». Cette sanction ne sera levée que le 05 février 1986, soit dix (10) mois de suspension ;
- le 07 avril 1986 : pendant que j’étais en service avec mes coéquipiers à l’atelier de mécanique, je suis mis aux arrêts par trois gendarmes venus de Koudougou pour cette mission. A la gendarmerie de Poura, je constate que d’autres travailleurs sont arrêtés. Nous (sept dirigeants syndicaux) y restons détenus jusqu’au 12 avril 1986, date de notre transfèrement à Koudougou où nous sommes détenus jusqu’au 1er novembre 1986, date de notre libération après six (6) mois de détention ;
- le 27 septembre 1989, suite à une grève bel et bien légale observée suite à un mot d’ordre du SYNTRAGMIH, les 13 et 14 septembre 1989, j’ai été licencié avec trente-six autres travailleurs, au motif que notre grève était illégale ».
Après leur licenciement de la SOREMIB-POURA, GOUBA Hubert et ses camarades n’auront pas gain de cause ni à l’inspection du travail, ni devant les juridictions du Travail pour leurs indemnités et droits de licenciement, vu les pressions diverses. C’est le début d’une galère, car il y avait comme un mot d’ordre non écrit : « ne pas embaucher les ennemis de la Révolution. » A la date de son licenciement, il était marié et père d’un enfant de huit (8) mois.
Pourtant l’homme n’avait aucun problème avec la Révolution Démocratique et Populaire ; mieux, il dit avoir entretenu « une très grande estime pour le Capitaine SANKARA pour son intégrité », mais était opposé aux imposteurs dont le comportement jetait un discrédit sur SANKARA et la Révolution.
En janvier 1990, M. GOUBA réussit à un test de recrutement d’ouvriers à FASOPLAST, mais il démissionnera pendant la période d’essai après s’être entendu dire par le directeur technique, au vu de son profil de « mécanicien chef d’équipe diéseliste », qu’il n’y a pour lui aucune possibilité de promotion, et qu’il restera toute sa carrière au poste pour lequel il a été recruté.
Finalement, il réussit à un test de recrutement de chauffeurs à la SONABEL en avril 1991.
La stabilité ainsi retrouvée dans une société moderne lui donne des envies nouvelles : reprendre ses études là où elles avaient été interrompues.
C’ainsi qu’il s’inscrit aux cours du soir en classe de 4ème dès octobre 1991, à l’âge de 28 ans, pour ne s’arrêter qu’en août 2006, soit quinze (15) ans après le cursus ci-après :
- Octobre 1991 : après mon recrutement à la SONABEL en avril, je m’inscris en 4ème aux cours du soir organisés par l’Ecole Démocratique et Populaire. Je dois préciser qu’en m’inscrivant, l’objectif était d’avoir le BEPC, même s’il fallait le passer cinq (5) fois. Par la Grâce de DIEU, je l’ai obtenu en juin 1993 dès le premier tour ;
- Juin 1995 : j’obtiens le CAP et le BEP en Comptabilité ;
- Juillet 1997 : je suis admis au Baccalauréat G2 avec la « Mention passable » après y avoir échoué en 1996 ;
- Octobre 1997 : je m’inscris en 1ère Année de Droit à la Faculté de Droit et de Sciences politiques (devenue UFR/SJP) de l’Université de Ouagadougou ;
- Juin 2001 : après l’invalidation de l’année académique 2000, j’obtiens le DEUG 2 en Droit ;
- Juin 2002 : j’obtiens la Licence en Droit privé avec la « Mention assez bien » ;
- Juin 2004 : je soutiens un mémoire de maîtrise en Droit des Affaires dont le thème est « Le régime juridique des droits négociés en cas de licenciement » et obtiens la « Mention assez bien » ;
Août 2006 : Enfin ! la fin de mon cursus de quinze (15) ans de « cours du soir » marquée par la soutenance d’un rapport de stage pour l’obtention du Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées (DESS) en Droit des Affaires avec dont le thème est : « la Fiscalité des sociétés d’Etat » et m’en sors avec la « Mention assez bien ». j’avais alors quarante-trois (43) ans.
Le jury de soutenance était présidé par le Professeur Filiga Michel SAWADOGO, et avait pour membres, le Dr Salifou DEMBELE, alors Maître-Assistant à l’UFR/SJP, aujourd’hui Avocat à la Cour et Ministre de la Jeunesse et de l’Emploi sous la Transition, et de M. Paul BAMOGO, un inspecteur des Impôts.
Par la Grâce de Dieu dit-il, sa carrière à la SONABEL a évolué ainsi qu’il suit jusqu’à nos jours :
- Avril 1991 : recrutement à la SONABEL en qualité de conducteur (chauffeur) poids lourds ;
- Février 1996 : admission à un test de promotion interne de recrutement de deux aide-comptables ;
- Janvier 1998 : admission à un test de promotion interne de recrutement de deux comptables ;
- Novembre 2001 : nomination aux fonctions de Chef de la Section Contrôle Financier;
- Avril 2006 : affectation en qualité de comptable au Département Budget et Contrôle de Gestion ;
- Octobre 2013 : admission à un test de promotion interne de recrutement d’un juriste Bac+4 ;
- Novembre 2014 : nomination aux fonctions de Chef du Service Gestion du Contentieux. J’exerçais ces fonctions cumulativement avec celles de Chargé de la Gestion des Assurances, et je participais également aux négociations des contrats de partenariat public-privé ;
- Octobre 2019 : admission à un test de promotion interne de recrutement de deux experts en passation de marchés Bac+5 en Droit ;
- Novembre 2019 : Le Directeur Général et le Secrétaire Général de la SONABEL me font la confiance et l’honneur de me nommer Expert juridique à la Cellule d’Etudes du Secrétariat Général (SG-CE).
Quand on lui parle de départ à la retraite, lui il parle de redéploiement. Lisez-le plutôt :
« A tous les postes de travail que j’ai occupés, j’ai toujours donné le meilleur de moi-même et aimé ce que je fais, tout en entretenant l’ambition loyale et permanente de quête de promotion. Ainsi, lorsque l’on me demande la date de mon départ à la retraite, je réponds toujours en disant que je ne serai pas le retraité qui s’allonge sur une longue chaise devant un écran de télévision ou une radio ; pour moi, la mise en retraite ne sera qu’un redéploiement, pourvu que DIEU me maintienne en bonne santé. Je partagerai mon temps entre l’assistance/conseil et l’agriculture/élevage ».
Si vous parlez de sa combativité et de son courage, lui ne se voit aucun mérite, mais voit partout la main de DIEU :
« Alors, sans donner dans un quelconque prosélytisme, permettez-moi de rediriger tous vos compliments et honneurs à DIEU seul qui est le vrai promoteur et auteur de ce parcours dont moi je ne suis qu’un simple bénéficiaire. Vraiment ! Jusqu’ici, l’Eternel DIEU m’a secouru ».
Avant son succès à un test de promotion interne comme juriste, M. GOUBA menait des activités extraprofessionnelles à ses temps libres.
« Comme vous l’aurez constaté, il s’est écoulé un temps de neuf (9) ans entre l’obtention de la maîtrise et l’admission à un test de promotion comme juriste. Cela est dû au fait que la SONABEL n’a pas recruté de juriste pendant une période treize (13) ans. Aussi, en marge de mes activités professionnelles à la SONABEL, et pour ne pas passer de juriste à simple diplômé en Droit, je menais quelques activités.
Ainsi, je fus, de :
- 2008-2009 : Enseignant vacataire de Droit des Affaires dans un institut supérieur privé de Ouagadougou ;
- 2009-2011 : Enseignant vacataire chargé de travaux dirigés de Théorie Générale des Obligations (TGO) à l’UFR/SJP de l’Université Ouaga2 Pr Joseph KI-ZERBO ;
- 2012-2017 : Enseignant vacataire chargé de travaux dirigés de Droit fiscal à l’UFR/SJP de l’Université Ouaga2 Pr Joseph KI-ZERBO, suite à un appel fait en 2012 par le Professeur Séni M. OUEDRAOGO, actuel Ministre de la Fonction Publique, pour suppléer un Chargé de travaux dirigés de Droit fiscal.
La charge de travail à la SONABEL croissait tellement que j’ai dû arrêter les activités d’enseignant vacataire en 2018.
Néanmoins, je mène toujours, à mes temps libres, des prestations de conseils et d’assistance juridique, fiscale et en assurances des entreprises et, je suis disponible pour une assistance dans les contrats de PPP dans le domaine de l’Energie ».
En résumé, de chauffeur à aide-comptable, comptable, juriste, enfin expert en passation de marchés, « par la Grâce de DIEU », M. Hubert GOUBA a réussi à quatre (4) tests de promotion interne pour devenir cadre supérieur.
Les conseils que Hubert GOUBA donne à la jeunesse, c’est de ne pas s’adonner à la facilité, ne jamais abandonner le combat et d’aller au de-là des réseaux sociaux. Pour lui le succès se trouve dans le travail, l’argent vient après un travail bien accomplit. Il conseille à la jeunesse d’être, partisans du nivellement par le bas, de bannir l’orgueil dans leur vie. Par ailleurs il donne cette citation de motivation à la jeunesse consciente, Burkinabé et Africaine « Ceux qui veulent faire quelque chose trouve des moyens, ceux qui ne veulent rien faire trouvent des excuses ». À méditer…
Pour terminer, il tient à partager avec ses enfants, ses frères et sœurs, ces citations de leaders et coaches de renommée mondiale, dont il s’inspire dans son quotidien.
1. T. Harv Eker
« L’énergie est contagieuse. Si tu veux voler avec les aigles, tu devras arrêter de nager avec les canards. »
« Aucune pensée n’habite votre tête sans payer son loyer. Chaque pensée que vous avez sera soit un investissement, soit un coût. Soit elle vous poussera vers le bonheur et la réussite, soit elle vous en éloignera. Soit elle attisera votre flamme, soit elle l’éteindra. Voilà pourquoi il est impérieux que vous choisissiez vos pensées et vos croyances avec sagesse. »
« Les pensées mènent aux émotions, les émotions mènent aux actions et les actions mènent aux résultats. »
- John MAXWELL
« Dans la vie, vous avez deux options : soit vous payez maintenant, et vous vous amusez plus tard ; soit vous vous amusez maintenant et vous paierez plus tard. Mais dans tous les cas, la vie vous réclamera son dû. »
« La réussite vous attirera de faux amis et de vrais ennemis. Mais réussissez quand même. »