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Prise de Goma par le M23 : La RD Congo, un vrai géant aux pieds d’argile

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Après deux jours de combat au début de cette semaine, le M23, un mouvement rebelle présenté comme un cheval de Troie du Rwanda, a pris le contrôle de la ville de Goma, capitale du Nord-Kivu dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Pour ceux qui en doutaient encore, cette gifle sur le plan militaire prouve que la RD Congo est vraiment un géant aux pieds d’argile.

Prise de Goma par le M23

Depuis son indépendance en 1960 jusqu’à la chute de Mobutu en 1997, l’ex-Zaïre était qualifiée de scandale géologique. Et cela au regard du hiatus entre la richesse de son sous-sol et la pauvreté du pays lui-même et de sa population. Aujourd’hui, il faudra ajouter un autre scandale : celui militaire qui est un legs du même Mobutu dont l’armée a été incapable de stopper une rébellion née à la frontière du Rwanda et qui est allée cueillir, tel un fruit mûr, le pouvoir à des milliers de kilomètres dans la capitale Kinshasa. Nous avons tous en mémoire l’épopée fulgurante de feu Désiré Kabila et de son armée, l’Alliance des forces démocratiques pour la libération (AFDL), qui ont chassé Mobutu du pouvoir après plus de trois décennies de règne.

Depuis lors, on peut dire sans risque de se tromper que la RD Congo n’a plus une armée digne de ce nom. La preuve est aujourd’hui sous nos yeux avec l’incapacité des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) de faire face au groupe armé M23 qui vient de prendre la ville de Goma, la capitale de la région du Nord-Kivu, dans l’Est du pays. Cette rébellion, née en 2012, donne depuis lors du fil à retordre à l’armée régulière congolaise. Ses attaques étaient sporadiques et sans grave danger pour le pouvoir central à Kinshasa. Mais ces temps-ci, ce groupe a pris du poil de la bête en décidant de faire tomber dans son escarcelle la capitale régionale de sa zone de naissance et d’intervention. Sans doute, c’est sa façon de marquer les esprits et de se faire prendre au sérieux, de pouvoir peser éventuellement dans les pourparlers de paix que le président Félix Tshisekedi refuse d’avoir avec ce mouvement pour ne pas le reconnaître et légitimer son action.

Effectivement, il a fallu la prise de Goma pour que l’on commence à avoir de l’agitation autour de cette épine que le pouvoir congolais traîne. Aux niveaux sous régional, continental et mondial, les regards et les attentions se tournent à nouveau vers cette rébellion et le drame humain qu’elle cause dans cette partie de la RD Congo, frontalière du Rwanda. Ah, le Rwanda ! Parlons-en justement !

Qu’il s’agisse de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (CEAE) de l’Union africaine (UA), de l’Union européenne (UE) ou encore de l’ONU, chacun appelle à la cessation des hostilités. Ces organisations demandent également au Rwanda de cesser tout soutien au mouvement rebelle. Lequel soutien est aujourd’hui un secret de Polichinelle malgré les dénégations de Kigali. Cette dernière offensive a mis à nu cette connivence avec la présence visible de soldats rwandais aux côtés des rebelles dans la ville de Goma, selon plusieurs sources et des témoignages.

Le pouvoir de Kinshasa s’est abrité derrière ce soutien rwandais et passer le temps à appeler à faire pression sur le pays de Paul Kagamé. Pendant ce temps, le mouvement avançait, gagnait du terrain en prenant des localités considérées de moindre importance. La MONUSCO (Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo) est impuissante face à la situation. Elle est une force de maintien de la paix dont le mandat est de s’interposer entre les belligérants. Elle ne peut pas intervenir en cas de conflit ouvert au risque d’un parti pris. Le mouvement rebelle joue sur ce carcan imposé à la MONUSCO et renforce sa position sur le terrain sans souvent avoir à combattre véritablement car, en face, l’armée congolaise est soit inexistante, soit en déroute.

De leur côté, les autorités congolaises accusent la MONUSCO de passivité. Elles veulent voir cette dernière mener une guerre par procuration en lieu et place de l’armée nationale. Du fait de cette présence également, la mise en place d’une véritable armée capable de défendre l’intégrité du territoire semble ne pas être une priorité. Ce qui préoccupe la classe politique à Kinshasa est la lutte pour le pouvoir entre, d’une part, la majorité qui veut le conserver à travers des astuces comme la révision de la Constitution. Et de l’autre, l’opposition qui est vent debout contre ce projet de maintien au pouvoir de Félix Tshisekedi. Pendant ce temps, la guerre à l’Est peut attendre. Tout va bien tant que la guerre ne touche pas la capitale. Mais c’est une grave erreur.

La preuve, ce sont les manifestations de colère, le 28 janvier 2025, contre des ambassades occidentales et africaines à Kinshasa suite à la situation à Goma. Les manifestants accusent un pays comme la France de ne pas exercer assez de pression sur le Rwanda pour qu’il cesse tout soutien au M23. Le discours officiel, fait d’accusations tous azimuts, a visiblement fait son effet sur l’opinion qui, avec ces dernières manifestations, dédouanent les dirigeants dans ce qui se passe. Au lieu donc de demander des explications à ces derniers, on s’en prend à des boucs émissaires. On déplace le problème. Or, il n’y a d’abord que les Congolais qui doivent résoudre ce problème. La communauté internationale, sur laquelle ils comptent beaucoup, vient en appui, en soutien. Jamais, elle ne se mettra en première ligne pour développer leur pays ou mâter une rébellion. Ce ne sera même pas à l’honneur des Congolais. Il faut donc qu’ils commencent à compter sur eux-mêmes d’abord.

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