Les députés de l’Assemblée législative de Transition (ALT) ont voté à l’unanimité le 26 avril 2024 la proposition de loi portant accord de l’ALT pour l’organisation des assises nationales. Par ce vote, la représentation nationale donne son accord pour la tenue d’assises afin de décider du sort de la Transition dont le terme a été fixé en début juillet 2024 dans la Charte signée en octobre 2022.
L’ALT, à qui la charte de la Transition donne une possibilité de révision de la « petite Constitution » au même titre que le chef de l’Etat, vient de jouer ainsi sa partition.
Ainsi, au lieu de procéder à une révision de la charte à leur niveau, les députés ont préféré donné leur accord pour la convocation d’assises nationales qui « délibéreront sur la suite à donner à la Transition » comme ils l’ont précisé lors du vote de la proposition de loi. A leur avis, les assises seront une occasion de « donner la place à une large concertation sur la vie de la Nation ».
On peut dire que les choses se précisent donc par rapport au débat qui a commencé à se dérouler au sein de l’opinion publique nationale à un peu moins de quatre (04) mois de la fin de la Transition.
Il faut se dire que ce débat, que l’on pourrait qualifier de précoce, a pris naissance avec ce qui s’est passé au Mali. En effet, les autorités de Bamako ont laissé passer la date butoir de la Transition (26 mars 2024) sans poser aucun acte : pas de convocation d’assises nationales pour discuter d’un nouveau délai, pas de décret de prorogation.
La conséquence a été la sortie des partis politiques pour constater l’existence d’un vide institutionnel avec des autorités qui ne sont plus légitimes, exiger la mise en place d’une transition civile devant déboucher sur l’organisation d’élections générales.
La crainte d’une reproduction de la même situation au Burkina a engendré le débat sur la Transition. Beaucoup se demandaient si les autorités allaient emboîter aussi le pas au voisin malien en laissant couler le délai sans rien faire ou bien si un acte sera posé relativement à la fin de la Transition.
Dans ce cadre, on a bien pu entendre certains citoyens soutenir l’idée de la convocation de nouvelles assises nationales pour décider de la prorogation ou non du délai de la Transition.
D’autres, essentiellement des partisans du régime militaire en place, ne voient pas la nécessité de nouvelles assises vu que, situation sécuritaire oblige, il ne peut être mis un terme à la Transition conduite par le capitaine Ibrahim Traoré.
Pour ces derniers, il faut laisser le chef de guerre poursuivre sa dynamique victorieuse contre les groupes armés terroristes (GAT). La Transition, quelle que soit sa durée, prendra fin d’elle-même lorsque le pays tout entier sera débarrassé de l’hydre terroriste.
Tout ce débat, c’était avant que le Législatif ne se détermine. Maintenant qu’il a donné son accord pour la convocation de nouvelles assises, la balle est dans le camp du gouvernement. L’Exécutif passera-t-il outre l’avis défavorable, l’opposition farouche de certains de ses partisans aux assises qui, à leurs yeux, seraient une perte de temps et de ressources financières dont le pays a pourtant besoin ? Ou suivra-t-il tout bonnement la recommandation de l’ALT qui est sensée regrouper toutes les couches, toutes les sensibilités nationales ? Le ton est donné et le dernier mot revient au gouvernement.
Espérons qu’il saura faire le bon choix et éviter de provoquer une autre crise en plus de celle sécuritaire qui secoue le pays depuis 2015, soit près de dix (10) ans.