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Le zaï ; une meilleure technique de récupération des terres démolies

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La question du changement climatique ne cesse d’entrainer la dégradation de l’environnement dans toutes les régions du monde. L’avancé du désert est de plus en plus constatée dans tous les pays et même ceux les plus nantis. A cela s’ajoute l’insuffisance et la mauvaise répartition de la pluviométrie dans le temps et dans l’espace qui  constituent également un véritable frein au développement de l’agriculture. Une situation qui contraint ces pays à la recherche de solutions.  Au Burkina tout comme dans plusieurs pays sahéliens, des techniques de récupération des sols sont utilisées pour permettre de rendre fertiles le sol et accroitre le rendement agricole. Le pays des hommes intègres se distingue à travers sa technique de Zaï. Une pratique culturale qui consiste à creuser un trou pour retenir l’eau sur les terres arides.

Le milieu naturel du Burkina Faso n’est pas favorable à l’agriculture dans certaines zones. Des régions comme le Plateau central, le sahel et le nord connaissent chaque année une déficit en terme de pluviométrie. Cette situation provoque chaque année, une insuffisance alimentaire que le gouvernement est obligé de combler. De plus, les techniques conventionnelles d’agriculture contribuent significativement à la dégradation et à l’appauvrissement des sols.  Dans la région du nord, les recherches des agents en charge de l’agriculture ont permit de mettre sur pied une nouvelle pratique culturale, le Zaï.

Il s’agit d’une autre forme de pratique qui fait ses preuves depuis quelques années et qui continue. Autrefois, il était difficile voir impossible de cultiver sur les sols arides, le peu de courageux qui s’en tétaient à s’y engager subissaient également les pertes du rendement en fin de récoltes.

La technique de zaï consiste à creuser des poquets en sorte que l’eau puisse s’infiltrer dans le sol pour permettre à la plante de bénéficier de l’humidité en attendant la prochaine pluie.

A Ouahigouya dans le Yatenga, la Fédération Nationale des Groupements Naam fait partie des associations qui accompagnent les producteurs dans la mise en œuvre des techniques de l’agriculture. Conscient des avantages qu’offre le Zaï en terme de rendement, l’association a recommandé cette pratique à tous ces membres.

La technique de zaï est plus pratiquée par les agriculteurs du Yatenga

« Aux vues des faibles précipitations, le zaï est fait de manière à conserver l’humidité autour de la plante pendant longtemps. Généralement le zaï se fait surtout sur les zippelés (clairières) où il n’y a pas d’infiltration et quand il pleut, c’est carrément le ruissellement des eaux », explique Paulin DRABO, responsable de l’unité d’appui agroécologique à la Fédération Nationale des Groupements Naam de Ouahigouya.

Paulin DRABO, responsable de l’unité d’appui agroécologique à la Fédération Nationale des Groupements Naam.

A en croire M. DRABO, la technique du zaï permet non seulement aux agriculteurs d’avoir un bon rendement mais aussi et surtout elle permet de récupérer des sols dégradés malgré la rareté des pluies dans la région.

“Je m’en sors bien avec la technique du zaï “, se réjoui M. SAWADOGO.

Selon Hamidou K. SAWADOGO, cultivateur de Yiba, c’est l’avancée du désert qui lui a conduit à pratiquer la technique du zaï. « J’ai commencé à faire le zaï depuis 1990. Avec cette technique, je fais de très bon rendement et j’arrive à subvenir aux besoins de ma famille », s’est réjoui M. SAWADOGO.

 

 

La ressource naturelle utilisée dans la technique du zaï 

Les fosses à semi sont creusées à de grande dimension d’environ 15-30 cm de diamètre et 10-20 cm de profondeur. Dans ces fosses on y ajoute une double poignée de fumure organique (300-600g) avant de semer. « La fumure apporte de la fertilité à ce trou de sorte que quand il pleut, l’eau qui est retenue par ce trou puisse permettre à la graine de germer », indique Paulin DRABO.

Aux dires de Paulin DRABO, pour faire du zaï sur un hectare de zippelé, il faut au moins dix (10) tonnes de fumures organiques. « Dans chaque poquet de zaï, il faut au minimum 300g de fumées organiques, alors que dans un hectare, on a environ 31 250 poquets », a-t-il détaillé.

Des cordons pierreux associés à la technique du zaï

Les agriculteurs du village de Teonsgo sont en train de placer un cordon pierreux pour ralentir la vitesse de l’eau.

Pour mieux réussir cette pratique de zaï, il est conseillé d’associer des cordons pierreux pour contribuer à ralentir la vitesse de l’eau. Cela consiste à identifier une pente sur la clairière et faire un cordon pierreux selon l’intensité de la pente. A cet effet, les agriculteurs de Teonsgo, commune de Zogoré connaissent bien l’importance des cordons pierreux. Accompagner par La Fédération Nationale des Groupements Naam, ils sont sortis nombreux le 26 mai 2021 pour barrer le passage de l’eau.

La technique du zaï présente aussi des limites

Bien que la technique du zaï ait des avantages considérables, elle n’est pas pratiquée pleinement par les agriculteurs à cause de la main d’œuvre importante qu’elle demande.

Hamidou K. SAWADOGO, cultivateur de Yiba et son fils pratiquent le zaï de façon manuel.

C’est une technique pénible qui demande beaucoup de temps selon M. DRABO et elle demeure jusque-là manuelle. « C’est vrai qu’il y a une vulgarisation d’un zaï mécanisé, mais il faut dire que c’est seulement à 50% mécanisé. », a-t-il fait savoir avant d’ajouter qu’il y a une recherche qui a mis au point un outil qui est utilisé pour faire des sillons croisés dans le champ. Mais là où les sillons se croisent, il faut encore agrandir manuellement le trou et mettre la fumure.

L’un des handicaps qui freine la pratique du zaï dans le Yatenga, reste l’insuffisance des engrais biologiques notamment la fumée organique. Les producteurs sont obligés de faire le zaï en fonction de la fumure dont ils disposent. « Sans la matière organique, le zaï est inutile, puisque c’est la fumée organique qui permet de régénérer le sol », a déploré M. DRADO.

C’est cette carence qui empêche le producteur Hamidou SAWADOGO à faire le zaï dans tout son champ.

A ces problèmes il faut noter que l’orpaillage a également contribué à freiner la pratique de zaï. Les jeunes fuient les travaux champêtres et abandonnent ainsi le travail du zaï entre les mains des femmes. « Ce sont les femmes et les jeunes filles déscolarisées qu’on trouve dans les champs en train de faire du zaï  », a dit M. DRABO.

Quelle solution pour faciliter le travail du zaï aux agriculteurs ?

Le mieux que l’on puisse faire, c’est de continuer la recherche pour avoir un outil qui va permettre à ce que la pratique de zaï puisse se faire en un temps record. Si le zaï est 100% mécanisé, de sorte que l’on puisse faire un hectare de zippelé en deux jours, cela va permettre aux agriculteurs de la région du Nord à pratiquer pleinement cette technique.

Autre solution est d’apporter une aide aux agriculteurs avec des prêts animaux, afin qu’ils puissent fabriquer abondamment de fumées organiques.

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