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Nestorine Sangaré : “Non à la haine en politique dans mon pays !”

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Dans cette tribune, Nestorine Sangaré fait une analyse sur le rôle de la classe politique, des intellectuels et hommes d’affaires sur le disfonctionnement des différents systèmes politiques des 40 dernières années au Burkina Faso. Elle pense que ce sont les querelles politiques qui tirent le Burkina dans les crises les plus profonde et entrainent les reculs démocratiques.
“C’est connu. Dans une famille, les enfants les plus aimés sont ceux qui causent le plus de peines. De même, dans une nation, ce sont aussi les générations les plus favorisées qui causent la destruction. Si aujourd’hui, le Burkina Faso est plus que jamais à la croisée des chemins, c’est à cause de ses enfants les plus pourris et nantis. C’est la faute aux fils qui ont bénéficié de tous les avantages en bourses d’étude, qui ont fréquenté les meilleures écoles du monde pour acquérir le savoir et qui de retour se montrent les plus irresponsables, cupides et ingrats envers le reste de la nation. C’est la faute aux intellectuels quand ils mettent leurs intérêts et ambitions personnelles au dessus de ceux du reste de la population.
L’histoire politique mouvementée du Burkina Faso est le reflet des querelles de leadership entre les élites militaires politiques et intellectuelles regroupées au sein des partis politiques . Depuis près de 40 ans, c’est cette élite composite qui a régulièrement créé les crises socio-politiques pour l’accession aux postes décisionnels.
L’unique moment de consensus est arrivé quand cette élite s’est regroupée au sein du CDP pour gérer le pays pendant 30 ans dans une sorte de paix des braves. Quand les conflits de leadership ont repris le dessus, le pays tout entier a été embarqué depuis 2009 dans des soubresauts et des querelles sans fin. Cela a abouti aux violences militaires de 2011 et aux violences militaro-civiles de 2014 et 2015. Le rapport de force a par la suite semblé favorable aux civils sous la gouvernance du MPP grâce à une alliance entre les politiciens intellectuels et les universitaires en forte collusion avec le milieu des affaires.
Arrive un troisième larron qui vient perturber le paysage politico-économique ainsi créé et érigé en système. Les groupes terroristes composés de personnes non identifiées, d’obédience islamique, constitue une nouvelle donne inattendue. En prônant la violence systématique et la destruction de l’Etat, ce nouveau groupe d’acteurs s’emploie à occuper le territoire sans faire des revendications politiques précises. Cet troisième acteur menace l’existence du pays. Malgré l’irruption de ce groupe violent hétéroclite composé à majorité de jeunes burkinabè, les élites professionnelles de la politique (militaires, intellectuelles et économiques) refusent de taire leurs conflits d’intérêts et de leadership pour s’unir et sauver le pays en danger. Le processus de réconciliation nationale amorcée depuis une année semble ne pas avoir eu un impact sur l’unité nationale, et encore moins le verdict du procès Sankara qui était attendu. Bien au contraire, les élites politiques continuent d’attiser et financer à couts de millions des manifestations et bagarres par procuration en utilisant la jeunesse pour les actions de violences (verbales et physiques). Le paroxysme de cette crise multiforme a été atteint au cours des derniers mois.
Avec le coup d’état du MPSR, les élites militaires ont pris le dessus sur les élites civiles intellectuelles et économiques. Le MPSR fonde sa légitimité sur le fait d’être engagée dans la défense et la sécurisation du pays face aux attaques terroristes, sans avoir les moyens requis de la part des civils au pouvoir pour réussir. Mais, les autres protagonistes n’entendent pas lui faciliter la tache pour asseoir son pouvoir. En effet, cette prise de pouvoir par les militaires est mal appréciée par les élites civiles et intellectuelles qui s’organisent pour lui barrer la route. Alors que cette nouvelle querelle de pouvoir s’amplifie dans les médias et par les manifestations de rue, les groupes terroristes continuent d’attaquer. Le Burkina Faso est maintenant en phase de désintégration avancée à cause de l’inconséquence et l’incompétence d’une élite politique composite qui a perdu sa vision, par amour de l’argent et des honneurs. Le Faso est à la croisée des chemins et fragilisé à cause du manque de sagesse et d’amour de ses fils les plus gâtés et choyés.
Pendant ce temps, dans les villes et campagnes, le peuple regarde, prie et pleure, cherchant qui va le sauver de la menace des groupes terroristes. Puisque la Nation est ainsi en danger, il est temps de taire toutes les querelles et conflits d’intérêts entre les élites politiciennes pour sauver notre pays de la désintégration totale. Il est plus que temps pour les les patriotes burkinabè de se réconcilier pour s’unir et reconstruire ce pays que nous ont légué nos parents. Au nom de ce qui reste de notre fierté et dignité burkinabè, taisons les querelles politiciennes pour sauver le pays. Osons inventer l’avenir. C’est une urgence. “
Source: Page Facebook de Nestorine Sangaré.

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