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Transition au Burkina : Une prolongation de 5 ans au grand dam des wayiyan

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Il n’y aura pas de vide institutionnel au Burkina concernant la Transition en cours qui s’achève en début juillet prochain. Les dispositions pour l’éviter ont été prises lors d’assises nationales, prévues initialement pour deux jours (25 et 26 mai 2024) mais qui n’ont duré que 24 heures. Les forces vives qui y ont été conviées pour plancher sur le sort de la Transition ont révisé la Charte d’octobre 2022. Le document qui en a résulté contient 28 articles répartis dans 4 titres et 4 chapitres que le Président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré, est venu signer dans la soirée du 25 courant à la clôture des travaux.

Ainsi, il a été mentionné dans la nouvelle charte, qui entre en vigueur le 2 juillet prochain, la prolongation de la Transition pour 5 ans au terme desquels (et si possible avant en fonction de l’évolution de la situation sécuritaire) des élections seront organisées et auxquelles le Président de la Transition (qui a désormais le titre de Président du Faso), le Président de l’Assemblée législative de la Transition (ALT) et le Premier ministre sont éligibles.

Il est également mentionné dans la nouvelle charte la création d’un nouvel organe de la Transition appelé KORAG qui va s’ajouter aux 3 autres existants à savoir le Président du Faso, l’ALT et le gouvernement. Selon l’article 7 de la charte révisée, cette instance est chargée de définir, de suivre et de contrôler la mise en œuvre de la vision stratégique du pays dans tous les domaines et par tous les moyens.

En attendant de le voir à l’œuvre, cet organe rappelle le Conseil d’orientation et de suivi de la Transition (COST) créé sous le MPSR 1 mais qui n’a pas fonctionner à cause du coup d’Etat du 30 septembre 2022.  Les assises ont aussi formulé des recommandations comme l’augmentation du nombre de députés et de celui des membres du gouvernement qui seront désormais nommés sur la base du patriotisme.

Au terme des assises, l’occupant actuel du palais de Koulouba bénéficie d’un nouveau bail similaire à un quinquennat. On en viendrait à oublier qu’il est arrivé au pouvoir non pas par les armes, mais par les urnes. Au terme des mêmes assises, on a remarqué qu’elles n’auront pas été inclusives comme celles d’octobre 2022. Les partis politiques auront brillé par leur absence compte tenu de la non prise en compte de leurs préalables. On se rappelle qu’une composante comme l’ex-Alliance des partis de la majorité présidentielle (APMP) a demandé, par exemple, la levée de la suspension des activités des partis politiques pour lui permettre de désigner ses 10 représentants pour les assises.

Elle avait aussi posé un problème de délai de transmission des invitations, d’absence de documents de travail et aussi de sécurité sur le lieu des travaux avec les appels à mobilisation des soutiens de la Transition et du capitaine-président, les wayiyan, à rallier la Salle de conférences de Ouaga 2000. A l’arrivée, aucune de ses demandes, et celles de l’ex-opposition politique regroupée autour du chef de file Eddie Comboïgo, n’a été satisfaite. Des dispositions n’ont pas été prises pour que les partisans ne prennent d’assaut les lieux qui se sont effectivement mobilisés à l’extérieur de la salle histoire de mettre la pression sur les participants.

Au son des vuvuzelas et avec des messages sur des pancartes, ils tenaient à ce qu’une prolongation de 10 ans soit accordée à la Transition et que leur champion, leur idole, soit reconduit pour continuer son œuvre. Avant les assises, on a entendu certains d’eux demander sinon exiger, lors des conférences de presse, 20 ans voire un pouvoir à vie pour le jeune capitaine. Quand, de l’extérieur, ils entendaient parler d’une prolongation de 3 ans et demi (comme proposé dans le projet de charte révisée) et, finalement de 5 ans, les manifestants ont voulu forcer le passage pour aller exprimer leur mécontentement. Heureusement que le dispositif de sécurité a pu les contenir et a sans doute évité que les représentants des forces vives ne passent un mauvais quart d’heure. En fin de compte, ce sera une prolongation de 5 ans au grand dam des wayiyan.

Ces derniers vont donc faire contre mauvaise fortune bon cœur et savoir que, dans la vie, l’on n’obtient pas tout avec la force. A regarder de près, ils ne perdent pas totalement au change. Le Président de la Transition peut se présenter aux élections de sortie de la crise sécuritaire s’il le veut. Pour peu qu’ils tiennent à ce qu’il soit toujours aux affaires, ses soutiens peuvent se mobiliser pour lui assurer une victoire dans les urnes.

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