Le professeur Charlemagne Ouédraogo, Gynécologue-obstétricien explique ce qui est de l’hémorragie après accouchement et les complications qui peuvent surgir.
Après la naissance, un saignement excessif devient une préoccupation. Pendant l’accouchement, la femme perd du sang et c’est normal, mais l’hémorragie après l’accouchement est imprévisible, car impliquant divers facteurs.
L’hémorragie post partum ou hémorragie de l’après accouchement reste une cause majeure de morbidité et de mortalité maternelle. Tout retard dans la prise en charge devant des pertes de sang importantes peut être fatal.
Normalement, une femme perd environ 0,5 litres de sang pendant et après un accouchement vaginal.
La césarienne cause une perte de sang supérieure à celle d’un accouchement par voie basse. Il y a perte de sang parce que certains vaisseaux sanguins s’ouvrent lors du décollement du placenta de l’utérus. Quand c’est une césarienne, la perte de sang est plus élevée, parce qu’il y a une incision qui se fait et cela occasionne un saignement plus important.
Lorsqu’une femme dans les 24heures après l’accouchement, perd plus de 500ml de sang, on parle d’hémorragie du post partum. La menace est réelle lorsque l’hémorragie est supérieure à 1000 ml. Elle peut survenir avant ou après la sortie du placenta.
Cette hémorragie peut s’accompagner de symptômes comme l’hypotension, une tachycardie, des étourdissements, des vertiges, une fatigue, une faiblesse. C’est une urgence qu’il faut prendre immédiatement en charge. L’hémorragie peut se produire juste après la naissance ou même un mois plus tard.
L’hémorragie de l’après accouchement peut s’expliquer par le fait que chez certaines femmes, le placenta soit inséré trop bas vers le col de l’utérus. Au moment de la délivrance, le décollement du placenta se fera de manière incomplète et provoquera des saignements excessifs. Habituellement, le problème vient du fait que l’utérus n’assure pas correctement son travail musculaire, ce que les spécialistes appellent l’atonie utérine. Lorsque l’utérus ne se contracte pas après l’accouchement, les vaisseaux sanguins qui se sont ouverts continuent à saigner.
Il peut y arriver qu’un morceau de placenta reste dans la cavité utérine, l’empêchant de se contracter complètement, augmentant ainsi les pertes de sang.
Il y a des risques de complications chez les femmes où l’utérus a été trop distendu, par exemple chez les femmes enceintes de jumeaux, d’un gros bébé, qui ont trop de liquide amniotique, qui souffrent de l’hypertension ou du diabète pendant la grossesse, celles qui ont accouché plusieurs fois ou qui ont déjà fait une hémorragie de la délivrance.
Les lacérations des voies génitales, la rupture utérine, les troubles hémorragiques, l’inertie utérine, la rétention placentaire, l’inversion utérine, une infection intra-amniotique, les fibromes utérins sont entre autres les causes de la survenue de l’hémorragie post partum ou de l’après accouchement.
En cas d’hémorragie, si le placenta n’est pas expulsé, le professionnel de santé va réaliser une manœuvre obstétricale en allant chercher manuellement le placenta, ce que nous appelons une délivrance artificielle et faire en même temps une révision utérine, c’est à dire enlever tous les débris de placenta supposés restés.
Des médicaments aussi peuvent être administrés pour permettre à l’utérus de se recontracter et arrêter l’hémorragie. Les complications peuvent faire appel à une intervention chirurgicale.
Une transfusion sanguine n’est pas exclue en cas perte énorme de sang.
Des efforts sont faits au quotidien pour éviter l’hémorragie de la délivrance.
Il y a une vigilance accrue au moment de l’accouchement pour éviter toute complication. Une injection est faite à la femme à un moment précis pour faciliter l’expulsion du placenta après la naissance.
Les accouchées sont gardées quelques temps après l’accouchement pour observation et apprécier les saignements.
Pendant la grossesse le fer est important pour réduire les risques d’anémie.