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Migration : le Niger abroge la loi 2015-36 sur le trafic illicite des migrants

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Le bras de fer entre l’Europe et Niamey se cristallise cette fois sur la question migratoire. Les autorités nigériennes ont abrogé la loi 2015-36 votée en 2015 criminalisant le trafic illicite des migrants au Niger, plaque tournante de ce trafic vers l’Europe. Une loi en vigueur depuis un peu plus de 8 ans avec des répercussions sur l’économie du pays.

« Le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), le général Abdourahamane Tiani, a signé (samedi) une ordonnance portant abrogation » d’une loi du 26 mai 2015 « relative au trafic illicite de migrants », indique un communiqué du secrétariat général du gouvernement lu à la radio et à la télévision publiques lundi soir.

Les condamnations effacées
Cette loi qui « érige et incrimine en trafic illicite certaines activités par nature régulières », avait « été votée sous l’influence de certaines puissances étrangères », affirme le communiqué.

En outre, elle « a été prise en contradiction flagrante avec nos règles communautaires » et « ne prenait pas en compte les intérêts du Niger et de ses concitoyens ». Le CNSP a donc « décidé de l’abroger » en raison « de tous ses effets néfastes et de son caractère attentatoire aux libertés publiques ». « Les condamnations » et « leurs effets » prononcés en application de la loi abrogée « sont effacés à compter du 26 mai 2015 ».

Votée le 26 mai 2015 par l’Assemblée nationale, cette loi prescrivait des peines « de un à trente ans de prison » et « des amendes de 3 millions à 30 millions de francs CFA »  contre les trafiquants.

Des routes via l’Algérie ou la Libye
Depuis son entrée en vigueur, et avec l’appui financier de l’Union européenne, la surveillance, y compris militaire, avait été renforcée dans le désert de la région d’Agadez (nord), important point de transit pour de milliers de ressortissants ouest africains candidats à l’émigration vers l’Europe, via l’Algérie ou la Libye. Des dizaines de personnes travaillant dans les réseaux de la migration clandestine ont été arrêtées et emprisonnées, de nombreux véhicules de convoyeurs de migrants confisqués.

La loi de 2015 n’a cependant pas dissuadé les migrants qui ont changé d’itinéraires, en empruntant des routes plus dangereuses à travers le désert par de nouvelles pistes sans points d’eau ni repères ou possibilités d’être éventuellement secourus.

La nouvelle diplomatie de Niamey
De nombreux migrants ouest-africains se rassemblent généralement à Agadez où sont installés des réseaux de passeurs. Selon les autorités de la ville, il est fréquent que des véhicules transportant des migrants tombent en panne dans le désert, ou que les passeurs se perdent ou abandonnent leurs passagers par crainte des barrages ou des patrouilles militaires. Certains migrants meurent de déshydratation.

Le Niger est dirigé depuis le 26 juillet par le général Tiani, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat ayant renversé Mohamed Bazoum, président élu en 2021 et toujours séquestré à Niamey dans sa résidence. Le régime militaire s’est éloigné des pays européens jusqu’alors partenaires privilégiés du Niger, notamment la France, pour se rapprocher en particulier de deux de ses voisins également dirigés par des militaires, le Mali et le Burkina Faso.

Source : 2Ominutes.fr et Airinfoagadez.com

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