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Visite du ministre russe des Affaires étrangères au Burkina : Ouagadougou vaut bien un détour même in extremis

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Viendra-t-il ? Ne viendra-t-il pas ? Le doute a plané sur la venue du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, au Burkina vu que notre pays ne figurait pas au départ parmi les étapes de la tournée africaine du chef de la diplomatie. Officiellement, les pays dans lesquels il doit se rendre dans le cadre de cette tournée, débutée le 3 juin dernier, sont la Guinée, le Congo-Brazzaville et le Tchad. C’est le 4 juin que l’information sur sa venue à Ouagadougou a commencé à circuler sans grandes précisions. Si en haut lieu on a fini par confirmer l’information, on se réserve de donner des précisions sur le jour de l’arrivée pour « des raisons de sécurité ».

Finalement, dans la soirée du 4 juin, on a vu les images du visiteur de luxe en compagnie de son homologue burkinabè, Karamoko Jean-Marie Traoré, tout sourire sur le tarmac de l’aéroport international de Ouagadougou. Il n’y a plus de doute, il est là, à la tête d’une forte délégation, pour une visite d’amitié et de travail de 48 heures. Au menu de celle-ci : une séance de travail avec la partie burkinabè, une audience avec le chef de l’Etat, le 5 juin, suivie d’une conférence de presse co-animée avec son homologue burkinabè.

Depuis le réchauffement des relations entre le Burkina et la Russie, c’est la première fois que le chef de la diplomatie russe effectue une visite au pays des Hommes intègres. Il est à noter que Sergueï Lavrov tourne fréquemment sur le continent africain surtout depuis que bon nombre de pays, essentiellement francophones, ont tourné le dos à la France. Mais le Burkina n’avait pas eu l’honneur de l’accueillir et commençait à se poser des questions. Comptons-nous vraiment aux yeux de l’ours russe ? Pourquoi le chef de la diplomatie nous contourne-t-il comme un rond-point ?

Ces interrogations ont encore ressurgi avec la récente tournée qui a encore occulté le pays des Hommes intègres. Sans doute que le nouveau partenaire s’est dit que cette fois, il fallait « rattraper » les choses et a ajouté l’étape burkinabè in extremis. L’ordre a même été bousculé car on n’apprend que le Burkina a été inséré entre le Congo-Brazzaville et le Tchad. Ouagadougou vaut bien un détour même à la dernière minute.

Les Burkinabè ne vont pas bouder leur plaisir de recevoir un hôte d’une si grande marque. Sans doute que lui-même ne manquera pas de se rendre compte que son pays a le vent en poupe ici rien qu’à en juger par le nombre de drapeaux russes qui flottent au vent aux carrefours et aux ronds-points de fortune aux côtés de ceux des pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Peut-être qu’il se demandera pourquoi il n’est pas venu plus tôt. Mais mieux vaut tard que jamais.

Les autorités burkinabè ont montré toute leur considération pour leur hôte. Elles l’ont décoré à titre exceptionnel en le faisant Commandeur de l’Ordre de l’Etalon. Une façon sans doute de lui exprimer leur satisfaction par rapport à l’excellence des relations entre les deux pays qui, selon M. Lavrov, est appelée à se renforcer davantage. Il a annoncé la livraison d’armes pour renforcer les capacités des forces combattantes dans la lutte contre le terrorisme. Et Dieu seul sait comment le pays en a besoin. L’ours russe peut pavoiser, déambuler sur un terrain qui était jadis un pré carré français. Un signe que les choses ont vraiment changé, que le coq gaulois a perdu des plumes et de sa superbe.

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