Accueil A LA UNE Coupures d’électricité : La nécessité d’une souveraineté énergétique pour une émergence

Coupures d’électricité : La nécessité d’une souveraineté énergétique pour une émergence

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La crise énergétique en Afrique de l’Ouest a révélé au grand jour les limites de l’interconnexion. Du jour au lendemain, il est devenu difficile pour des pays qui fournissent d’autres en électricité de respecter leurs accords contractuels. Il y a eu brusquement une baisse des mégawatts qui devraient être fournis parce que les pays fournisseurs n’arrivent plus eux-mêmes à satisfaire la demande intérieure. Le dernier pays à faire de la restriction concernant l’interconnexion est le Nigeria. Sur ordre de la Commission nigériane de réglementation d’électricité (NERC), le géant ouest-africain vient de réduire son exportation d’électricité vers le Bénin, le Niger et le Togo. Objectif visé à travers ce tour de vis : favoriser la consommation interne.

Avant ce pays, d’autres ont réduit la voilure vis-à-vis de leurs voisins avec lesquels ils ont signé des contrats de fourniture d’électricité. Il s’agit du Ghana et de la Côte d’Ivoire. Avec cette situation inattendue, le Burkina et le Mali se sont retrouvés face à des déficits qu’ils ne peuvent pas combler. La conséquence directe est les coupures intempestives d’électricité, les délestages, qui plombent les activités socio-économiques.

En matière d’énergie, très rare de pays peuvent s’auto-suffire. Il faut toujours compter sur d’autres qui ont une production plus ou moins importante pour combler ses déficits à travers des projets d’interconnexion. Mais il suffit qu’il y ait, par exemple, des avaries sur les installations électriques, que le niveau des barrages baisse et que la saison des pluies tarde à s’installer, et les sociétés nationales ont du mal à faire face à la demande de consommation intérieure devenue subitement plus forte que l’offre de production.

Pour alléger la peine, la souffrance des consommateurs nationaux, le réflexe est de réduire le surplus de mégawatts exporté. Et ce, malgré les contrats signés. Cette situation est préjudiciable aux pays sous perfusion électrique. C’est ce que nous vivons actuellement, par exemple, au Burkina. La difficulté voire l’impossibilité de compenser le déficit électrique dû aux soucis de l’interconnexion avec notamment le Ghana et la Côte d’Ivoire a plombé les activités économiques.

Le secteur informel tourne au ralenti. Seuls ceux qui ont les moyens d’avoir des sources alternatives de production d’électricité comme les générateurs, les groupes électrogènes, peuvent continuer à fonctionner. Le développement du pays en prend un coup. La souveraineté, dont on parle tant, aura du mal à avoir du sens si on continue de souffrir de problèmes d’électricité. Elle ne doit pas seulement être politique, alimentaire, mais aussi énergétique.

Certes, de efforts sont faits, mais ils ne sont pas encore suffisants pour favoriser le développement. On peut citer la diversification des sources de production d’électricité avec le recours au solaire, aux énergies renouvelables. Tout récemment, il est question de centrales nucléaires à construire au Burkina avec l’aide de la Russie pour mettre fin aux délestages. Mais en attendant, il y a un grand projet dans le domaine électrique qui a filé entre les doigts du Burkina. Il s’agit du projet américain Millenium challenge account (MCA) qui devait permettre d’injecter plusieurs milliards de F CFA dans le secteur électrique. Malheureusement, il a été annulé après le premier coup d’Etat de janvier 2022. Nul doute que s’il avait été mis en œuvre, il aurait contribué à résoudre les problèmes du secteur. Toutefois, ne perdons pas espoir car on saura tirer des leçons des déboires de cette année et tout mettre en œuvre pour que l’avenir soit meilleur.

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